Entrevue Alfred HOUGET
Président du Stade Rennais FC de mai 1977 à juin 1979, Alfred Houget a mené l’équipe du comité de sauvegarde du Stade Rennais qui a permis de sauver le club de la menace de liquidation judiciaire qui aurait provoqué la rétrogradation du SRFC au niveau amateur. Pour savoir où l’on va, il faut savoir d’où l’on vient. Retour sur une période, sans doute oubliée et méconnue, mais primordiale qui fait que le Stade Rennais a réussi à survivre lors de cette période trouble et permet au club d’exister encore aujourd’hui.
"J’ai le Stade Rennais dans la peau"
Pouvez-vous vous nous raconter vos premiers souvenirs du Stade Rennais ?
Je suis un fan du Stade Rennais depuis 1943. Cela fait donc 77 ans. Petit, je venais à peu près à tous les matchs avec mon père. J’habitais Châteaubourg. Quand j’ai eu 20 ans, j’ai fait mon service militaire en Indochine puis en Algérie. Quand je suis revenu en métropole, je suis allé travailler à Paris comme boucher, car je suis boucher de profession . Très souvent le dimanche matin, je prenais le train depuis Montparnasse pour venir au match au Parc des Sports de la Route de Lorient et je repartais le soir vers la capitale. J’avais et j’ai encore le Stade Rennais dans la peau.
Comment êtes-vous devenu le Président du Stade Rennais FC en 1977 ?
J’étais revenu sur Vitré depuis plusieurs années. J’avais plusieurs amis supporters du Stade Rennais dans la région, dont M. Pelé qui habitait Combourg. Lors de la saison 1976/1977, le Stade était en grande difficulté financière et pouvait disparaître. De plus, A l’issue de la saison, le club descend en seconde division. M. Pelé m’appelle un soir en me disant qu’avec quelques copains, il avait l’intention de constituer un comité de sauvegarde du Stade Rennais avec pour seul objectif de sauver le club.
29 janvier 1977 : démission du président Bernard Lemoux
Qui faisait alors partie du Comité de sauvegarde du Stade Rennais ?
Il s’agissait de Messieurs Dimier, Viel, Bradane, Galais, Blandin, du Dr Le Clec’h et donc de M. Pelé. Nous avons fait plusieurs réunions à Combourg. J’ai été élu vice-président dès la première réunion du comité. Nous avons eu ensuite de multiples réunions avec la municipalité de Rennes. M. Lemoux, alors président du Stade Rennais FC à cette période, était démissionnaire avec 12 membres de son équipe. Il a accepté une cooptation des personnes de notre comité et c’est ainsi que je me suis retrouvé à la tête du vieux club breton. Nous avons tous engagé notre responsabilité en donnant un quitus 1 à l’ancienne équipe dirigeante, dont faisait partie à l’époque M. Pinault qui s’est désengagé quand nous sommes arrivés. D’ailleurs M. Pinault m’a signé un mot il y a quelques années, me remerciant de ce que nous avions fait à l’époque pour le club. Dans notre folie, nous avons repris le passif qui correspondait à un budget de l’année.
2 avril 2006 : mot signé de la main de François Pinault remerciant Alfred Houget
"J’ai créé le Centre de Formation"
Quel était votre programme pour sauver le club ?
Notre programme consistait à recruter uniquement régionalement, à réduire la disparité des salaires et créer un centre de formation sur lequel le club pourrait s’appuyer dans le futur. J’ai absolument voulu créer un centre de formation car il n’y en avait pas à l’époque. Nous avions simplement une école de football et nous envoyions les jeunes dans des collèges Rennais. En France, il n’y en avait qu’à Saint-Etienne, Nantes et Lens.
Comment avez-vous fait pour créer le centre de formation ?
J’ai pris rendez-vous avec la Fédération Française de Football. J’ai établi un dossier dans lequel il fallait que j’explique où j’allais héberger nos 9 joueurs. Puis, je suis allé voir Edmond Hervé, alors nouveau maire de Rennes. Je lui ai demandé s’il pouvait nous aider financièrement à construire les bâtiments et à organiser la structure. Il m’a dit « Oui » tout de suite et la municipalité nous a octroyé 200.000 Francs de l’époque francs (NDLR : 110.000 € 2). J’ai donc créé le centre de formation. Les bâtiments ont été construits dans la prolongation des locaux administratifs qui bordaient le terrain d’entrainement situé derrière la « Tribune Mordelles ». C’est même ma femme qui a mis en place les rideaux ! Le centre de formation a été inauguré le 13 Octobre 1978 et sa direction a été donnée à Loïk Kerbiriou. Parmi les premiers arrivés au centre, il y avait Jean-Yves Kerjean, Patrick Consigney et Claude Kerveillant, qui ont tous joué en professionnel.
Le 19 novembre 1977 lors du match contre Lille en seconde division, pourquoi les joueurs professionnels se mettent-ils en grève ?
Les joueurs n’étaient tout simplement plus payés. Les joueurs se sont mis en grève afin de faire réagir les organismes capables de débloquer la situation et d’envisager des solutions. Ces organismes étaient la Banque Populaire de l’Ouest et le Groupement 3. Le conflit tournait autour d’une somme de 150.000 francs (NDLR : 82.000 € 2) qui devait être versée au Stade Rennais par le Groupement 3 provenant des fonds réservés au titre de l’aide aux clubs de seconde division et de l’aide aux clubs descendus de première en seconde division. Les seuls joueurs qui ne se sont pas mis en grève, ce sont Pierrick Hiard et Claude Arribas. Ce sont les joueurs de l’équipe amateur qui ont complété l’équipe et ont fait match nul contre le LOSC. (NDLR : 19 novembre 1977: SRFC-LOSC (2-2)).
19 novembre 1977 : Les Rennais, dont 9 joueurs amateurs, réussissent l’exploit de faire match nul contre le LOSC. (Source : Ouest-France)
"Le passif en juin 1977 était de 2,2 millions de Francs. En janvier 1978, il était de 3,5 millions de Francs"
Quand vous avez pris la présidence du club, qu’est-ce qui vous a le plus surpris ?
Le déficit ! Il ne faisait que grossir. Le passif en juin 1977 était de 2,2 millions de Francs (NDLR : 1.200.000 € 2). En Janvier 1978, il était de 3,5 millions de Francs (NDLR : 1.900.000 € 2). Nos créanciers principaux étaient l’URSSAF, le Trésor Public et les ASSEDIC. Lors d’une réunion en mairie un vendredi après-midi, nous avions eu l’accord de 3 banques (Crédit Mutuel de Bretagne, Crédit Agricole et Banque Populaire de l’Ouest) pour l’octroi d’un prêt total de 1 400 000 Francs (NDLR : 765.000 € 2), cautionné par la mairie, et remboursable sur 5 ans grâce à une subvention annuelle municipale de 400 000 Francs (NDLR : 220.000 € 2), servant à payer (pour éviter la redite) les dettes contractées par le club avant notre arrivée. Le lundi, ces 3 banques avaient changé d’avis. Il ne nous restait plus qu’une seule chose à faire : déposer le bilan et abandonner le statut professionnel.
Comment avez-vous fait alors pour sauver le club ?
Vu que le Stade était une association loi 1901, nous aurions dû logiquement déposer le bilan devant le Tribunal de Grande Instance. J’ai refusé catégoriquement car je savais qu’en déposant le bilan au TGI, c’était la fin du club et que nous étions certains d’être mis en liquidation judiciaire. Nous serions descendus alors au niveau amateur, sans doute au niveau Division d’Honneur voire 4ème division de District. Contre l’avis de mon Comité Directeur, j’ai décidé de tenter le tout pour le tout. Je suis parti du principe qu’en faisant de la vente de billets, nous faisions du commerce. J’ai donc déposé une requête de suspension provisoire des poursuites près du Tribunal de Commerce de Rennes le 30 décembre 1977. Les juges du Tribunal de Commerce ont validé mon approche et se sont déclarés compétents. C’est aussi pour cela qu’ils ont accepté tout ce que je pouvais proposer. En déposant le bilan devant le Tribunal de Commerce, je savais que nous pouvions continuer notre activité sous le contrôle d’un syndic. Nous avons été mis en règlement judiciaire le vendredi 13 janvier 1978. J’ai eu une chance inouïe car les juges du Tribunal de Commerce ont compris que je n’avais pas d’argent. J’aurais été un mec avec plein de pognon, ça ne se serait pas passé pareil. Ils ont compris que c’était ma foi, ma passion du Stade Rennais qui justifiait mon engagement et c’est pour cela qu’ils m’ont donné un coup de main. Je dois aussi souligner que la mairie a continué à nous soutenir financièrement. Nous avons donc bénéficié d’un coup de main.
30 décembre 1977 : Alfred Houget, Président du Stade Rennais FC se rend au Tribunal de Commerce de Rennes pour envisager les solutions afin de sortir le club de ses difficultés financières.
Pendant cette période, vous avez dû vous séparer d’éléments clé du club ?
En règlement judiciaire, il y avait beaucoup de facilités pour se séparer des gros salaires. Laurent Pokou, notre attaquant star, est parti à l’AS Nancy-Lorraine. Il était en fin de contrat. Nous nous sommes ensuite rapidement séparés pour raison économique de l’attaquant Gérard Tonnel (janvier 1978), de l’entraîneur Claude Dubaële et d’Antoine Cuissard, qui était en charge du recrutement. A l’époque, Antoine Cuissard faisait partie des gros salaires du club. Il gagnait à ce moment-là 10.000 Francs par mois (NDLR : 5.500 € 2). Au club, à l’époque, il n’y avait quasiment personne dans les bureaux. J’avais juste une secrétaire qui m’épaulait. Mon bureau était juste à côté de celui de Cuissard. Un jour, j’avais quelque chose à lui demander. Je m’approche de son bureau. Il était au téléphone avec quelqu’un des Girondins de Bordeaux. Ils parlaient du transfert potentiel de Patrick Delamontagne là-bas. Cela faisait partie de ses prérogatives. Je l’entends dire à son interlocuteur « 10% pour moi sur le montant du transfert comme d’habitude ». Selon lui, c’était quelque chose d’habituel à l’époque.
Comment s’est passée l’année 1978 ?
Nous avons passé toute l’année 1978 comme ça, en ayant du mal à finir nos fins de mois, tout en étant pas trop mal au classement de Division 2. Le seul club en France qui ait été dans cette situation critique et qui n’a pas été rétrogradé en division inférieur, c’est le Stade Rennais.
Qu’était le Club des 2000 ?
Le Club de 2000 était un regroupement de supporters qui voulaient aider financièrement le Stade Rennais. Pierre Romer, alors journaliste à Ouest-France, est venu me voir un soir. Nous cherchions de l’argent partout. Il m’a soumis l’idée de créer une association regroupant 1000 supporters, qui pourraient contribuer à aider financièrement le club par le biais de souscriptions volontaires. Dans la discussion, je lui ai dit : "Mais pourquoi pas un Club de 2.000 supporters ?". Le lendemain, j’ai demandé à M. Viel qui était dans mon comité, de compléter toutes les formalités nécessaires. J’ai donné la présidence de ce club à M. Rohou, l’ancien Président du club. Cette association, " Le Club des 2000", a été créée dès Octobre 1977 et nous a épaulé financièrement dans cette période délicate grâce à la participation financière de ses membres. Elle a participé notamment au salaire de certains joueurs sous forme de don.
"Je passais mes soirées en réunion au stade, passant de réunion en réunion jusqu’à 1h00 ou 2h00 du matin"
Vous réussissiez à allier votre travail de l’époque et votre rôle de Président ?
La journée, j’étais Directeur Commercial à la SVA 4 à Vitré. Trois à quatre fois par semaine, je passais mes soirées en réunion au stade, passant de réunion en réunion jusqu’à 1h00 ou 2h00 du matin. J’étais Président bénévole. J’ai même emprunté 7 millions d’anciens Francs (NDLR : 40.000 € 2) à mon patron de l’époque pour mettre dans le Stade Rennais.
28 octobre 1978 : le Stade Rennais FC s’incline devant Brest au Stade de la Route de Lorient devant 20.473 spectateurs. (Source : Ouest-France).
La vie au club se passait-elle normalement ?
C’était incroyable ! Nous n’avions pas de personnel. Des membres de mon comité s’occupaient de tout. J’ai découvert des choses surprenantes. Il y avait toujours un match de lever de rideau de Division 3 où on prenait 5 francs par entrée. Eh bien, j’ai découvert qu’un membre de mon comité se mettait la moitié de la recette dans la poche.
Comment avez-vous fait pour éponger les dettes du club auprès des créanciers ?
J’ai eu la chance d’être aidé par Maître Massard comme avocat qui m’a donné un coup de main inimaginable. Dès le départ, nous voulions établir un concordat 5avec nos créanciers pour échelonner la dette du club. Dans le courant de l’année 1978, les propositions concordataires sont arrivées. Nous avons validé le concordat auprès du Tribunal de Commerce de Rennes. L’étalement des dettes sur 6 ans a été accepté. Les juges ont toujours gardé à l’esprit que nous étions aidés et soutenus par la municipalité de Rennes.
Quelle était l’affluence à l’époque ?
Nous avions une affluence très très faible : pas plus de 2000 ou 3000 spectateurs. L’affluence moyenne lors de la saison 1977/78 n’était que de 2681 spectateurs. Pourtant, l’un des moyens de remonter le club était d’augmenter l’affluence au stade. Pour l’anecdote, nous avons eu une fois 20.000 spectateurs contre Brest (NDLR : 20.473 spectateurs le 28 octobre 1978 : SRFC-Brest (1-2)). Vu que nous n’avions pas de salariés ce sont quatre de mes garçons qui ont vendu les billets !
"Le Stade Lavallois a contribué à sauver le Stade Rennais"
Par la suite, vous avez été contraint de vendre d’autres joueurs importants de l’effectif : Pierrick Hiard, Patrick Delamontagne et Jean-Luc Arribart.
Oui. C’est grâce à ces gens-là que nous avons pu respirer financièrement. Pierrick Hiard a été transféré en décembre 1977 à Bastia. Un jour, je vais à une assemblée générale à Paris et je fais connaissance de M. Filippi, un dirigeant du Sporting Club de Bastia. Je lui dis que s’il avait besoin d’un gardien extraordinaire, j’en avais un au Stade Rennais. Il en avait justement besoin. Je lui ai dit que le montant du transfert était de 350.000 francs (NDLR :191.000 € 2). Ça m’a aidé à payer les joueurs pour les 3 mois suivants. M. Filippi est venu m’apporter l’argent en liquide et avec son pistolet ! Patrick Delamontagne, lui, est parti à Laval, dont le Président était M. Bisson, pour 150.000 francs de l’époque (NDLR : 82.000€ 2) en mai 1978. Quelques semaines plus tard, nous avions encore besoin d’argent, j’ai proposé Jean-Luc Arribart, à M. Bisson pour 150.000 francs (NDLR : 82.000 € 2). Il m’a répondu : « Non, ce n’est pas assez ! Dans l’état où vous êtes, je vais vous donner un coup de main supplémentaire et vous donner 100.000 francs de plus (NDLR : 55 000€ 2) ». Le Stade Lavallois, qui était en première division a donc contribué à sauver le Stade Rennais. Le juge assesseur du Tribunal de Commerce, m’avait dit que s’il n’avait pas le chèque à 18h30 le lendemain soir, il n’y avait plus de Stade Rennais. Le chèque du Stade Lavallois que j’avais reçu devait être signé par le Groupement 3 pour pouvoir être encaissé. J’ai pris ma voiture, suis monté à Paris et ai fait signer le chèque par le Groupement 3et à 18h00 le vendredi, j’étais de retour à Rennes. Une fois de plus, ce jour-là, le Stade Rennais a été sauvé.
Fin de saison 1977 : Alfred Houget salue Laurent Pokou dans les vestiaires Rennais avant le départ de l’attaquant star Ivoirien du Stade vers Nancy.
Comment vous y êtes-vous pris pour faire revenir Laurent Pokou au Stade Rennais en septembre 1978 ?
Laurent Pokou se morfondait à Nancy. Les supporters ici à Rennes, ne parlaient que de lui. A Nancy, il avait été malade et ça ne se passait pas très bien. Je lui ai envoyé une lettre en lui proposant de revenir en lui disant qu’il valait mieux être un grand chez les petits, qu’un petit chez les grands. Ça l’avait touché. Il m’a rappelé. C’était quand même le Nancy de Platini qui était en Division 1. Nous nous sommes mis d’accord pour un transfert de 70 000 francs (NDLR : 38.000 € 2). C’est le club des 2000 qui a financé en partie le retour de Laurent Pokou au Stade Rennais grâce à la souscription de ses membres. Pokou est revenu pour un salaire de 13.000 Francs par mois (NDLR : 7.000 € 2) ! C’était quand même l’un des meilleurs joueurs d’Europe voire du Monde à l’époque. Nous lui avons trouvé un logement ici à Rennes. Pour l’anecdote, nous avons fait un match amical contre le Sporting Club de Bastia dans le cadre du transfert de Pierrick Hiard là-bas. La recette était uniquement pour nous. Ce jour-là, Laurent Pokou me dit qu’il vient jouer avec nous, alors qu’il n’avait pas encore signé officiellement chez nous, mais qu’il n’avait plus de train après la gare du Mans. J’ai pris ma voiture avec l’un de mes fils et nous sommes allés le chercher là-bas. Le soir, il a joué tout le match.
10 septembre 1978 : Pierrick Hiard, pour la seule fois avec le maillot d’un adversaire du Stade Rennais sur la pelouse du stade de la route de Lorient, salue Laurent Pokou, pas encore officiellement Rennais lors d’un match amical opposant le SRFC au Sporting Club de Bastia (2-2). (Source : Ouest-France).
"La fin de Laurent Pokou au Stade Rennais a été épouvantable"
Comment s’est passée la fin de de l’aventure Rennaise de Laurent Pokou ?
La fin de Laurent Pokou au Stade Rennais a été épouvantable 6. Je suis monté plusieurs fois à Paris pour plaider sa cause et défendre les intérêts du club. Je me suis battu pour qu’il ne soit pas suspendu deux ans mais uniquement six mois.
Quels matchs du Stade Rennais auxquels vous avez assistés vous ont le plus marqué ?
Tous les matchs m’ont marqué mais je pense que celui qui m’a le plus marqué c’est quand nous sommes allés à Lucé et que nous gagnons là-bas (0-1), but évidemment de Laurent Pokou.
Est-il vrai que c’est une nouvelle fois Bernard Lemoux, votre prédécesseur à la présidence du Stade Rennais FC, qui assure le versement des paies pour la fin de saison 1978/1979 ?
Oui, en quelque sorte. Un jour, je reçois un coup de fil du substitut du procureur de la République qui me demande de venir le voir. Il me dit qu’il a demandé à M. Lemoux de nous faire un chèque de 400 000 Francs (NDLR : 220.000 € 2) ou sinon il allait avoir des ennuis importants avec la justice. Quelques jours après, je reçois un coup de fil de M. Lemoux qui me confirme qu’il est obligé de nous donner de l’argent. Nous nous sommes donné rendez-vous au restaurant de l’aéroport. Là-bas, il me donne un chèque de 400 000 Francs (NDLR : 220.000 € 2). C’est donc grâce à lui que les joueurs ont été payés. Pour l’anecdote, lors du dernier match de sa présidence, il est sorti de l’enceinte du stade, dans le coffre d’une voiture. Il y avait au moins 50 à 100 personnes qui l’attendaient. Moi, je n’ai presque pas eu de relations avec lui.
Réunion du Bureau du Stade Rennais FC : (de gauche à droite) Mrs Bellat, Claude Guinaudeau, Franck Viel, Gérard Dimier, Alfred Voisin, Alfred Houget, François Urien, Jean Celbert, Marcel Loncle.
Pourquoi n’avez-vous pas continué comme président et passé le relais à Gérard Dimier en juin 1979 ?
Après avoir obtenu le concordat, j’étais épuisé. Aussitôt, qu’il a été accordé, j’ai démissionné de la Présidence et c’est Gérard Dimier, qui était déjà dans mon comité directeur, qui a pris la suite.
Quelles fonctions avez-vous occupés au club par la suite ?
Je suis resté comme vice-président pendant 8 ans.
Comment résumeriez-vous votre engagement auprès du Stade Rennais FC ?
En tant que Président et Vice-Président, j’ai fait 273 voyages avec les joueurs en voiture, en train, en car et en avion ! Je pense que cela résume beaucoup de choses. Cet engagement a été reconnu officiellement par le club car je suis devenu Président d’Honneur à vie du Stade Rennais FC en 2015. Si le club existe encore à ce niveau aujourd’hui, je pense que j’y suis un petit peu pour quelque chose.
Alfred Houget, le 4 avril 2018 au Roazhon Park lors de Stade Rennais - AS Monaco (1-1).
1 quitus : Reconnaissance d'une gestion conforme aux obligations, avec décharge de responsabilités
2 source : INSEE
3 Groupement : Ancien nom de la Ligue de Football Professionnel
4 SVA : Société Vitréenne d’Abattage
5 Concordat : Accord financier entre le débiteur et ses créanciers permettant d’échelonner la dette
6 Le 23 décembre 1978, Laurent Pokou frappe l’arbitre du match de Coupe de France joué contre Saint-Pol de Léon. Il sera suspendu deux ans. Sa peine sera ramenée à 6 mois. Il ne rejouera plus jamais en France
Entrevue réalisée par @Mattcharp