Entrevue Patrice RIO

• Né le 15 août 1948 au Petit-Quevilly
• Défenseur central
• Premier match avec le SRFC : Amiens - Stade Rennais FC (0-2) du 11 août 1984
• Dernier match : Stade Rennais FC – Auxerre (1-3) du 7 novembre 1986
• 90 matchs joués avec le Stade Rennais FC (86 fois capitaine)
• FC Rouen (1969-1970) ; FC Nantes (1970-1984) ; Stade Rennais FC (1984-1987)

"Je savais que les Rennais étaient de grands amoureux et connaisseurs du football"

À l’intersaison 1984, vous signez au Stade Rennais à 36 ans, après avoir passé la plus grande partie de votre carrière au FC Nantes. Comment s’est passée cette signature au SRFC qui venait de redescendre en Division 2 ?

Le Président Dimier m’a appelé et m’a demandé si cela pouvait m’intéresser de venir au club voisin, le Stade Rennais. Je n’ai même pas réfléchi. J’ai accepté tout de suite car, même s’il y avait une rivalité sportive sur le terrain, le Stade Rennais et le FC Nantes étaient évidemment des clubs amis. Nous nous sommes rencontrés et cela s’est fait très rapidement. Je connaissais la mentalité des Rennais car j’y avais des amis. Je savais que les Rennais étaient de grands amoureux et connaisseurs du football.

À 36 ans, à un âge où beaucoup de joueurs ont déjà arrêté leur carrière, pourquoi décidez-vous de relever un nouveau challenge ?

Pour moi, ce n’était pas un challenge, car je me sentais vraiment très bien sur le plan physique et athlétique. Je me sentais prêt à continuer durant plusieurs saisons avec le Stade Rennais. J’ai fait deux saisons un tiers. Je me suis abîmé le ménisque au début de la saison 1986/1987 et cela a provoqué ma fin de carrière.

Sans cela, je me sentais encore capable de faire une troisième saison complète, et même d’en ajouter une autre, si le club m’avait proposé de continuer. Je suis allé à Rennes avec beaucoup de motivation et pas du tout pour me la couler douce. Ce n’était pas du tout une pré-retraite. Quand on veut jouer dans un club, la première chose à faire est déjà d’habiter immédiatement la ville. J’ai déménagé sur Rennes dès que j’ai signé.

24 mai 1984 : Patrice Rio signe au Stade Rennais Football Club (source Ouest-France).

L’histoire raconte que vous avez convaincu Oscar Muller de venir jouer avec vous à Rennes ?

J’ai beaucoup discuté avec le Président Dimier lorsque nous nous sommes rencontrés. Il voulait aussi renforcer son milieu de terrain. Oscar Muller, qui était un super technicien, un joueur super adroit, clairvoyant, était disponible car son contrat n’avait pas été renouvelé au FC Nantes. Tout naturellement, j’ai proposé au Président de le prendre aussi. Il a été contacté par le Président et ils se sont mis d’accord.

Comment s’est passée votre intégration dans l’équipe ?

Elle s’est très bien passée d’entrée. Je suis arrivé à Rennes avec beaucoup d’humilité. Il y a eu tout de suite une ambiance fantastique avec le groupe. Je prenais mes coéquipiers pour des partenaires du même niveau que moi. Je me suis remis en cause immédiatement car j’avais joué de nombreuses saisons au FC Nantes et obtenu un petit palmarès. J’ai essayé aussi de mettre en place des habitudes que nous avions à Nantes.

Par exemple, la première chose que j’ai mise en place était de dîner tous ensemble après les matchs, afin d’éviter que chacun ne parte à droite ou à gauche avec ses amis, sa famille. C’est ce qui a fait que nous avions un noyau très solide entre les joueurs et entre nos épouses. Après pour obtenir des résultats, c’est un autre sujet. Le groupe a tout de suite été très solidaire mais la saison a été très difficile : nous étions en Division 2, nous sommes montés par le biais des barrages.

Vous devenez capitaine dès le départ malgré la présence de Pierrick Hiard, ex-capitaine et légende du club ?

Dès mon arrivée, on m’a proposé et j’ai accepté le brassard. Quand je donnais un conseil ou un encouragement à un partenaire, cela passait très bien. Avant d’arriver au Stade Rennais, je ne connaissais pas personnellement Pierrick. Mais j’ai vite cerné son caractère. J’ai tout de suite vu qu’il avait un fort caractère, impulsif, nerveux, parfois excessif. Il nous est arrivé d’avoir des échanges tendus sur le terrain, à cause de la fatigue ou lors de situations difficiles.

Durant ces moments, je faisais jouer mon rôle de capitaine. Je lui donnais des ordres que je n’aurais jamais donnés auparavant dans ma carrière à un professionnel. J’étais dur avec lui. Mais, il le prenait très bien et ne disait rien. Il comprenait que ce que je lui disais était dans son intérêt et dans l’intérêt de l’équipe, afin que le résultat soit le meilleur possible. Il l’a compris d’entrée et toute la saison s’est très bien passée.

1er juin 1985 : Barrage aller face au FC Rouen (0-1) : Patrice Rio, Capitaine du Stade Rennais, en compagnie de Pierrick Hiard (Source Ouest-France).

"Nous nous en sommes sortis miraculeusement à l’issue des barrages"

Justement, cette saison 1984/1985, comment s’est-elle passée ?

J’arrivais de 14 saisons de Division 1. En arrivant au Stade Rennais, je découvrais la Division 2 car je ne connaissais pas ce niveau. J’ai compris très rapidement que c’était une compétition extrêmement difficile, très complexe, et j’ai mis du temps à m’adapter. Il ne suffisait pas d’aligner une équipe avec des noms connus pour avoir une bonne équipe et jouer la montée d’office. Parce que la Division 2, ça n’est pas du tout ça. Nous avions affaire à des adversaires extrêmement teigneux, agressifs, qui ont la « bave » car ils voulaient gagner des matchs avec des moyens sur les plans techniques et collectifs, sans doute inférieurs aux nôtres.

Pour autant, il y avait une détermination qui était très différente de celle de la Division 1. La D1 était plus technique et moins agressive que la Division 2. La mayonnaise a pris beaucoup de temps à prendre parce que les adversaires étaient très divers : un jour, c’était une équipe très physique qui nous rentrait "dans la gueule", et quelquefois, nous ne manquions pas de donner un peu de répondant, et un autre jour, nous pouvions tomber sur une équipe qui avait plus de football, et voire parfois une équipe qui était plus vicelarde. La saison a été très dure. C’est pour cela que nous nous en sommes sortis miraculeusement à l’issue des barrages.

Avant le début des barrages, croyiez-vous à la montée en Division 1 ?

A quelques journées de la fin, nous n’étions dans l’allure ni pour la montée ni pour les barrages. Nous voyions chaque match passer en fin de saison avec une possibilité qui s’éloignait. Les circonstances ont fait que nous avons réussi à jouer ces fameux barrages. Mais c’est un bon souvenir. J’ai beaucoup appris. Je n’imaginais pas à l’époque que la Division 2 était un championnat aussi difficile que cela.

Vous rencontrez le FC Rouen lors de cette fameuse finale des barrages. Vous perdez le match aller, Route de Lorient (0-1) en ayant dominé tout le match. Dans quel état d’esprit étiez-vous avant de monter à Rouen jouer le match retour ?

Feuille de Match

Je ne peux pas dire que nous n’avions pas d’inquiétude car cela serait faux. Sur deux matchs, quand tu es battu lors du premier match à domicile, tu n’y vas pas la fleur au fusil en pensant qu’il n’y aurait pas de soucis pour le match retour. Malgré tout, nous avions de l’espoir car nous nous étions rendu compte que nous avions bien dominé notre adversaire sur le plan footballistique en ayant le potentiel suffisant pour remporter ce type de match, mais que nous ne l’avions pas fait au match aller. Nous pensions que nous pourrions peut-être le faire lors du match retour.

"J’étais fou de rage contre moi, à tel point que, en rentrant à Rennes, je n’ai pas voulu fêter notre accession avec tous les potes"

Pouvez-vous nous raconter ce match retour de barrage et cette fin en apothéose ?

Feuille de Match

Le match a été très compliqué, très athlétique, très physique, très accroché. Et puis après il y a eu cette fameuse séance de tirs aux buts. Je suis le premier tireur et je tire sur le poteau. Premier tireur et capitaine, qui plus est, j’étais certainement le joueur le plus expérimenté du groupe. Manquer le 1er tir au but était un coup au mental terrible pour l’équipe. En plus, j’étais le tireur attitré des pénaltys durant la saison. Je m’en voulais énormément. J’étais fou de rage contre moi, à tel point que, en rentrant à Rennes, je n’ai pas voulu fêter notre accession avec tous les potes.

J’étais tellement écœuré de moi-même que j’ai demandé au chauffeur du bus de me déposer devant chez moi. Je suis descendu et je suis rentré à la maison. Lors du décrassage le lendemain, mes camarades joueurs m’ont demandé pourquoi je n’étais pas allé avec eux fêter la victoire. Sur l’instant à l’issue de la séance, j’ai forcément fêté la montée avec mes partenaires en restant sur le terrain et en faisant un tour d’honneur. Mais à titre personnel, j’étais tellement désabusé que j’ai voulu me sanctionner, mais j’ai aussi sanctionné le groupe en le quittant en arrivant à Rennes. Sur le coup, franchement, je n’ai pas été très sympa.

5 juin 1985 : Match Barrage Retour face au FC Rouen (0-1) : Bernard Samson tombe dans les bras de l’entraîneur Pierre Mosca sous le regard du capitaine Patrice Rio (Source Ouest-France).

Etait-ce particulier de participer à la redescente en Division 2 du FC Rouen, le club qui vous a vu débuter en professionnel et où votre papa était un pilier ?

Je n’avais aucun sentiment par rapport à cela. Je jouais pour le Stade Rennais, j’ai joué pour le FC Rouen avant. Mais là, je jouais juste contre un ancien club qui était mon adversaire. Les sentiments que j’avais pour le FC Rouen étaient restés au vestiaire au moment du coup d’envoi. J’ai toujours été capable de faire le vide dans ma tête. Je me motivais pour quelque chose de précis et en l’occurrence, le FC Rouen n’existait pas dans mon esprit : je rencontrais juste un adversaire.

La saison suivante en Division 1 1985/1986, le Stade Rennais FC finit en 13ème position et se maintient. Quelles étaient les caractéristiques de cette équipe ? ?

Déjà, il y a eu un gros recrutement qui a été fait à l’intersaison : Gérard Lanthier, Didier Christophe, Guy Lacombe, Gilles Gallou. Sur le papier, nous estimions avoir une équipe capable de tenir la route et de nous maintenir, ce qui a été le cas mais cela a été difficile. Pour autant, nous avons fait des matchs très intéressants sur le plan qualitatif. Parmi nos recrues, nous avions de très bons techniciens, des joueurs de qualité. Mais la saison a été dure avec des matchs au couteau.

13 juillet 1985 : au stade de la Route de Lorient, présentation des nouvelles recrues rennaises Guy Lacombe, Eddy Voordeckers, Didier Christophe et Gérard Lanthier.

Vous jouez une demi-finale de Coupe de France contre l’Olympique de Marseille. Espériez-vous aller au bout ?

Feuille du Match aller et Feuille du Match retour

Nous faisons effectivement une demi-finale de Coupe de France en étant éliminés par Marseille à domicile alors que nous avions fait un très bon match à Rennes. Nous aurions pu passer.

15 avril 1986 : demi-finale de Coupe de France, Marseille – Stade Rennais (1-0) : Patrice Rio emmène dans son sillage toute l’équipe sur la pelouse du stade Vélodrome.

"Ce match de championnat avec le Stade Rennais était donc mon 1er match au Stade de la Beaujoire"

Avec le Stade Rennais, vous revenez jouer à Nantes au Stade de la Beaujoire (Victoire Nantaise 1-0). Cela a dû vous faire bizarre de revenir jouer contre Nantes ?

Feuille de Match

J’étais encore sous contrat avec le FC Nantes lors du match inaugural entre le FC Nantes et l’Equipe Nationale de Roumanie à la Beaujoire. Mais j’étais blessé, je n’ai donc pas joué. Ce match de championnat avec le Stade Rennais était donc mon 1er match au Stade de la Beaujoire que je découvrais. C’est un souvenir moyen car nous perdons 1-0. Même si mentalement c’était un peu difficile, j’ai quand même réussi à faire mon match. L’équipe de Nantes était un vrai collectif, composée de joueurs très brillants, très difficiles à jouer, qui "avaient des jambes" et une grande technicité.

Avec le Stade Rennais contre le FC Nantes, j’ai été marqué par les matchs contre Vahid HallilHodzic. Au-delà du fait que c’était un copain, je l’ai toujours considéré comme un énorme joueur, un grand joueur d’Europe, un grand international. Ça m’a fait quelque chose de me retrouver à jouer contre lui, après avoir joué tant de saisons avec lui. Je me rappelle que nous nous étions frités tous les deux. J’avais joué mon jeu habituel, fait de rigueur et d’engagement. Je ne l’avais pas ménagé et il n’avait pas apprécié.

2 novembre 1985 : Patrice Rio au marquage de Vahid Halilhodžić, lors de son premier match au stade de la Beaujoire face au FC Nantes (1-0).

La saison suivante en 1986/1987, alors que vous veniez de resigner pour un an, pourquoi jouez-vous seulement 4 matchs ?

Nous démarrons très mal la saison et au bout de 4 matchs, je me mets le ménisque en l’air. Je me fais opérer à Saint-Etienne. Pour moi, la saison est déjà finie et ma carrière aussi à 39 ans. Je n’ai pas réussi à revenir. Dans l’esprit de l’entraîneur Pierre Mosca et du Président Dimier, je n’étais absolument plus un joueur d’avenir. Puis en cours de saison, Pierre Mosca a été débarqué et a été remplacé par Patrick Rampillon.

Le club descend une nouvelle fois à l’issue d’une saison cauchemardesque. Était-ce frustrant de ne pas jouer et de ne pas pouvoir aider l’équipe ?

C’était très frustrant car en plus des mauvais résultats, je sentais que ma carrière était parfaitement terminée, que je n’avais plus d’espoir d’apporter quoi que ce soit au groupe et au club parce que j’étais blessé. J’avais, quelque part dans la tête, le secret espoir de resigner une nouvelle saison derrière et jouer jusqu’à 40 ans. Un reclassement avec des responsabilités techniques au Stade Rennais a été un moment envisagé. Mais comme le club est redescendu, tout a volé en éclats.

Durant votre carrière de joueur au Stade Rennais FC, quels joueurs ayant joué à vos côtés vous ont semblé supérieurs ?

• Un gardien : Pierrick Hiard était un très grand gardien de but, certes difficile à manager. Il était très performant et a eu une très longue longévité.

• Un défenseur : Je vais sans doute surprendre mais je vais dire Alain Doaré : c’était un garçon besogneux, un bosseur, limité sur le plan technique mais courageux, accrocheur, il ne lâchait rien. C’était comme un morpion. J’admirais son comportement. Il était à un âge où il ne pouvait plus progresser sur le plan technique mais en revanche, il arrivait à faire ses matchs tout le temps.

• Un milieu : Je vais dire Gérard Lanthier qui arrivait d’Auxerre. Il avait un super pied gauche, excellent technicien, très clairvoyant qui aurait pu viser plus haut.

• Un attaquant : Mario Relmy était le profil de l’attaquant type. C’était un chasseur de buts mais aussi capable de faire des différences en partant balle au pied des 30 mètres. Il allait vite et n’avait pas peur. Il était aussi bon dans le domaine aérien. Il sentait très bien les coups. C’était un très bon attaquant.

À Nantes, vous avez joué avec énormément de joueurs de grand talent, des internationaux. La comparaison avec les joueurs que vous avez côtoyés à Rennes n’a pas été trop difficile ?

Démarrer une saison en visant le haut de tableau ou en visant le maintien, ça fait une grande différence dans les têtes et cela joue énormément dans les performances. Je n’ai jamais fait de comparaison. J’étais joueur professionnel du Stade Rennais. C’est pour cela que cela a correctement fonctionné. Je devais avoir de la considération pour chacun. Il y a des gars qui étaient limités sur le plan technique mais qui compensaient par d’autres qualités, et d’autres c’était l’inverse.

Comment avez-vous trouvé les conditions d’entrainement, le stade, le terrain à votre arrivée en comparaison de ce que vous aviez connu à Nantes ?

À mon arrivée, j’ai eu un choc du fait de la différence entre les conditions d’entraînement, le stade en lui-même, les vestiaires, les tribunes. Je sortais d’endroits qui étaient magiques tels que La Jonelière et le stade Marcel Saupin qui était un stade fermé où il y avait beaucoup d’ambiance. À Rennes, les terrains d’entraînement étaient pourris : dès qu’il pleuvait, c’était impraticable.

Nous arrivions au stade le matin, et nous partions en voiture au Parc des Gayeulles ou sur des terrains des communes voisines. C’était de l’amateurisme amélioré mais effectivement, cela faisait une énorme différence avec Nantes. Au stade, il y avait une ambiance sympathique mais le stade était tellement vétuste que nous ne pouvions pas profiter de l’ambiance.

"Je dois avoir une armoire pleine de cartons jaunes à la Fédération à mon nom"

Vous avez toujours eu une relation particulière avec les arbitres ?

J’aboyais en permanence sur les arbitres. Je reconnais que je devais être terriblement chiant auprès d’eux. J’avais toujours l’impression que sur les actions que je jouais j’avais raison mais en réalité la plupart du temps, je devais certainement avoir tort. Quand l’arbitre me sanctionnait, je ne l’admettais pas. Ça m’a valu de prendre beaucoup de cartons. Mais par ailleurs, je n’ai été expulsé qu’une seule fois lors de ma carrière. Je dois avoir une armoire pleine de cartons jaunes à la Fédération à mon nom.

2 novembre 1985 : Patrice Rio n’est visiblement pas d’accord avec une décision de l’arbitre Mr Bouillet face au FC Nantes (1-0).

**Saviez-vous que vous étiez le second buteur le plus âgé du Stade Rennais (37 ans, 5 mois et 10 jours) **

Je découvre cette information que j’ignorais : c’est une preuve de ma longévité.

Vous avez joué votre 500ème de Division 1 avec le Stade Rennais FC ?

Je me souviens de ce qui avait été fait avec les ballons formant les 500 et puis la réception. J’ai un grand souvenir de cela car jouer 500 matchs de Ligue 1 est un seuil important.

Avril 1986 : Patrice Rio fait la « Une » de STADE RENNAIS OUEST MAGAZINE afin de célébrer ses 500 matchs de Division 1.

Vous avez affronté Laurent Pokou avec le FC Nantes. Comment se sont passées vos oppositions ?

J’ai joué plusieurs fois contre lui. Mais je n’ai pas souvenir qu’il m’ait mis en difficulté. Mais ce dont je me souviens c’est qu’il avait une énorme réputation de super buteur, qui était justifiée. Mais contre moi, j’ai le souvenir qu’il n’avait jamais beaucoup existé et j’étais très fier de l’avoir étouffé comme j’aurais aimé étouffer Vahid ou d’autres attaquants. Mais quand tu joues contre de grands joueurs, ils ont le droit de te mettre en difficulté.

Comment expliquez-vous votre longévité en professionnel ?

C’est grâce à mon épouse qui a pris part à ma carrière au moins autant que moi. Elle a pris des cours de diététique et s’en occupait tous les jours. Elle a fait tout ce qui était possible pour mes repas et pour que je puisse récupérer des entraînements et des matchs. Je faisais, par exemple, une sieste d’une heure et demie tous les jours dans le noir, alors que nous avions des enfants en bas âge. J’en ai fait profiter aussi d’autres joueurs que ma longévité intriguait.

Mon épouse faisait des réunions avec des femmes de joueurs au Stade Rennais afin de leur expliquer que la diététique avait une importance considérable dans le fonctionnement d’un athlète de haut niveau. Certaines femmes s’y sont mises petit à petit. J’étais aussi d’une constitution plutôt solide et j’étais extrêmement motivé. Quand je finissais un match, je ne dormais pas de la nuit, car je me ressassais le match en boucle et j’essayais de corriger toutes les conneries que j’avais pu faire durant le match. Et la fois d’après, j’essayais de faire autrement et de ne pas reproduire mes erreurs. Je me remettais en cause tout le temps. Je pense que cela faisait partie de mes qualités.

24 juillet 2020 : Patrice Rio, chez lui, dans la région Nantaise.

Fiche de Patrice RIO

Merci à lui pour ce témoignage.

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Entrevue réalisée par mattcharp