Entrevue Simon POUPLIN
Gardien de but formé au Stade Rennais FC, Simon Pouplin a accordé une longue entrevue à ROUGE Mémoire le 26 mars 2012. Actuellement à la recherche d'un club suite à une belle aventure allemande, le Choletais revient sur ses 8 années au SRFC. Pour le site, Simon Pouplin raconte ses temps forts, ses souvenirs et les hommes qui ont compté pour lui à Rennes. La rédaction remercie ce parrain des Stages de Football William Stanger pour sa disponibilité et son franc-parler.
"C'était un atout d'avoir un entraîneur comme Christophe Lollichon"
Tout d'abord, merci Simon d'accorder cette entrevue à ROUGE Mémoire. Qui t'a détecté au Stade Rennais FC et à quelle occasion ?
Si j'ai bonne mémoire, ça s'est fait lors de matchs interdépartementaux à l'âge de 13-14 ans. Dans ces cas là, il y a souvent beaucoup de recruteurs et c'est là qu'on m'a aperçu. Ensuite, quelques recruteurs se sont déplacés pour me voir sur quelques matchs avec le SO Cholet. J'intègre le centre de formation de Rennes à 15 ans en l'an 2000.
Quel est ton souvenir dominant au centre de formation ?
La 1ère année c'est une grosse découverte comparé à certains partenaires qui sortaient des centres de pré-formation. La 1ère année a été mitigée car j'ai été blessé 5 mois avec un arrachement osseux à la hanche. C'est au centre que j'ai notamment connu William Stanger qui est un de mes très bons amis aujourd'hui. J'y ai plein de bons souvenirs parce que le centre c'est aussi ne plus être sous le joug des parents. On est toute la journée entre potes pour manger, dormir, jouer au foot et étudier. Les joueurs dont j'étais le plus proche, c'était principalement William Stanger, Aurélien Montaroup et Arthur Sorin.
En 2003, tu ne participes pas à l'aventure des vainqueurs de la Gambardella. Comment se passe la concurrence avec les gardiens de l'époque ?
Il y avait une très grosse concurrence avec deux gardiens de 18 ans avec Grégory Douard et moi et deux gardiens de CFA avec Florent Chaigneau et Romain Salin. Mais, tout le monde postulait à la Gambardella. Florent Chaigneau s'entraînait déjà dans le groupe pro et évoluait en équipe de France donc c'était lui qui avait la priorité en Gambardella. Lors de la finale, Romain Salin était suspendu et il fallait un remplaçant pour la finale au Stade de France. L'entraîneur de l'époque Landry Chauvin a alors choisi Grégory Douard plutôt que moi. Mais je n'ai aucune amertume vis à vis de cela car c'est une competition où je n'ai pas été une seule fois dans le groupe contrairement à d'autres joueurs de mon âge comme Montaroup, Stanger et Mvuemba. En somme, ce n'est pas une compétition qui m'a marquée, j'ai beaucoup plus de souvenirs des titres en Championnat de France en 2002 et des réserves pros en 2004. Ce sont des compétitions qui m'ont laissé plus de souvenirs car j'avais joué les finales.
"En 2003/2004, Petr Cech était déjà un gardien monstrueux"
Fin de saison 2001/2002, Christian Gourcuff t'appelles avec les pros pour le dernier match de la saison à Auxerre. Tu t'en souviens ?
C'était un très très grand moment. Je m'entraînais avec la réserve juste à côté des pros où il y avait Éric Durand mais Christophe Revel était blessé, Barry Copa et Florent Chaigneau étaient en sélection. L'entraîneur des gardiens Pierrick Hiard est venu me voir au grillage et m'a dit : "tu viens avec nous à Auxerre après demain." C'était ma deuxième année au centre et je n'avais pas encore 17 ans. C'était extraordinaire d'avoir un maillot floqué à son nom et de faire déplacement et échauffement avec les pros.
En 2003/2004, tu intègres le groupe professionnel aux côtés de Petr Cech, que peux tu nous dire de lui ?
En fin de saison précédente, j'ai fait beaucoup d'entraînements avec les pros et 14 apparitions dans le groupe. C'est une énorme chance que j'ai eu et su provoquer que de pouvoir m'entraîner tôt dans ma carrière avec des gardiens pros. Cela m'a beaucoup aidé par la suite et notamment aux côtés de Cech qui était déjà un gardien monstrueux.
L'entraîneur des gardiens de l'époque c'était Christophe Lollichon, quels rapports entretenais tu avec lui ?
C'était particulier car Christophe a participé à ma venue au centre de formation. Au centre, je n'ai connu que lui et à 6 mois d'intervalle, nous avons basculé ensemble dans le groupe pro et c'était un gros avantage de continuer à travailler avec lui au niveau du dessus. Christophe est un perfectionniste qui est toujours à la recherche des moindres petits détails et c'était un atout d'avoir un entraîneur comme lui.
Le samedi 27 mars 2004, tu entres en jeu pour une minute à Strasbourg, quel souvenir en gardes tu ?
(Rires) Il y a au moins eu 3 minutes avec les arrêts de jeu ! Super souvenir car on gagnait (0-3) mais aussi parce qu'en 3 minutes je me suis senti bien, je n'ai pas eu peur. J'ai eu 4 trucs à faire maximum mais en tant que gardien on a le soucis du détail. Si on foire les 2 dégagements que l'on a à faire, on est dégoûté mais là tout c'était bien passé. Le stade était plein, le score était positif et donc ça reste un excellent souvenir.
Le 23 mai de la même année, tu entres en jeu en fin de match contre Montpellier pour permettre à Cech de recevoir son ovation d'adieu. Tu te souviens de ce moment ?
Ce n'est pas un souvenir personnel très fort par contre j'étais super content pour Petr. C'était la première fois dans ma carrière que je voyais un de mes coéquipiers quitté le terrain ainsi sous les ovations. J'avais beaucoup échangé avec lui durant toute la saison et j'en gardes un super souvenir pour lui.
En 2004/2005, tu apparaîs 37 fois sur le banc derrière l'inamovible Andreas Isaksson. Tu relègues Florent Chaigneau derrière toi dans la hiérarchie des gardiens. Comment s'est construite cette progression ?
"Flo" avait fait quelques matchs la saison d'avant avec du bon et du moins bon mais sans jamais faire de grosses erreurs. Un jour, il était absent, j'avais pris place sur le banc et l'équipe avait enchaîné plusieurs résultats positifs. Laszlo Bölöni m'avait ainsi laissé dans le groupe un peu par superstition. À l'entraînement, j'étais surmotivé, tout le temps à bloc et ça s'est traduit par toutes ces apparitions sur le banc.
En 2005/2006, Andreas Isaksson est un peu plus fragile. Tu connais alors ta première titularisation en pro contre Stuttgart (0-2) le 20 octobre 2005 au Stade de la Route de Lorient. Souvenir ?
C'est peut-être paradoxal mais j'en garde un très bon souvenir parce que j'avais fait un bon match et j'avais été plutôt serein. Quand il s'agit d'un premier match c'est très marquant. J'aurais sûrement gardé un souvenir plus mitigé si on avait gagné mais que j'avais fait un match moyen. En face, il y avait Tomasson un attaquant reconnu au niveau européen et j'avais fait deux arrêts sur lui. Une campagne européenne c'était un peu nouveau pour le Stade Rennais et on savait que ça n'allait pas être simple. C'est pourquoi l'entraîneur ne nous a pas tenu rigueur du résultat.
Le 4 janvier 2006, tu gardes les buts rennais à Nantes pour une victoire historique 41 ans après. Est ce le match qui lance ta carrière pro ?
Qui a lancé ma carrière non mais qui m'a donné une énorme confiance personnelle, ça c'est certain. Ce match m'a donné de la crédibilité aux yeux de mes coéquipiers, des fans et des observateurs. Il y avait aussi un match à Lyon (NDLR : 1-4 le 25 février 2006) qui a participé à cela. J'ai joué 15 matchs en Ligue 1 en 2005/2006, et c'est l'ensemble qui m'a permis de débuter comme titulaire à la reprise car ça a convaincu Pierre Dréossi de me faire confiance. Pour revenir à ce match à Nantes, c'est l'un de mes plus gros souvenirs, le coach en avait beaucoup parlé. Il y avait un engouement incroyable toute la semaine autour de ce match là et on sentait qu'on pouvait y faire un truc avec les joueurs que l'on avait comme Källström, Utaka, Monterrubio ou Frei. C'est une saison qui commençait à vraiment parler au niveau des résultats. En plus, il y a la physionomie du match avec ce penalty arrêté qui reste exceptionnel pour moi.
Le penalty arrêté à Nantes le mercredi 4 janvier 2006, tu peux nous le raconter ?
C'est juste avant la mi-temps, on subissait une grosse pression après notre ouverture du score. C'est Keserü qui tire le penalty, je feinte de partir à droite pour plonger à gauche. C'est une feinte de déplacement qu'on avait travaillé à l'entraînement pour la réaliser au bon moment afin d'influencer l'attaquant. Ce n'est pas toujours facile à réaliser et là ça a marché. Keserü frappe à mi-hauteur bien sur le côté. C'est un très bon feeling sur le moment mais il y avait corner aussitôt après donc j'ai pas pu me lâcher complètement là-dessus.
"Lille n'avait qu'une envie : que le match se termine. Seul Fauvergue était à 140%"
Au retour d'Isaksson, tu termines la saison sur le banc et assistes aux déceptions de fin de saison dont la demi-finale de Coupe de France à Marseille (3-0) ?
Marseille était au-dessus dès le début du match. Sur le banc, on était vraiment dépité avec l'impression d'être venus pour rien. On sortait d'une défaite à Nice et on était restés dans le sud à l'hôtel pour enchaîner sur l'OM. À 3-0 à la mi-temps, on était vraiment dégoûté qu'il n'y aie pas eu de suspense sur cette affiche là.
En 2006/2007, tu as la confiance de Pierre Dréossi et débute ta première saison comme titulaire. Comment tu abordes cette saison là ?
J'ai le souvenir de ne pas avoir trop gambergé. Je me suis efforcé de bien bosser à l'entraînement pour être au top le plus rapidement possible et voir ce que j'allais donner. Ensuite, il y a eu les matchs amicaux de début de saison et ça n'a jamais été mon fort. Je n'avais pas fait d'erreurs mais je n'avais vraiment pas fait de supers matchs. En fait, je ne savais pas trop où j'allais. Le premier match de la saison c'était contre Lille à domicile où Keïta avait débordé côté droit et m'avait mis une frappe premier poteau alors que j'avais anticipé le centre. En plongeant finalement, je me l'étais mise moi-même dans le but. Ça commençait de manière plutôt merdique mais je n'ai pas vraiment douté et je n'ai pas le souvenir d'avoir été mal à cause de cela.
Cette saison là, Christophe Revault a été recruté pour t'épauler. Quelle relation as tu entretenu avec lui ?
J'en garde un très bon souvenir, c'était vraiment un super mec qui était vraiment là pour m'aider, me conseiller. De part son statut, il aurait pu revendiquer une place de titulaire et s'imposer plus dans le mots. Mais pas du tout, il m'a vraiment aidé dans mon rôle de jeune premier gardien.
En défense devant toi, il y a Melchiot, Bourillon, Mensah, Faty, Jeunechamp et Edman. Qu'est ce que tu gardes de cette défense là ?
Réussir l'ensemble de ma saison, c'est grâce à ce groupe de personnes que ça a été rendu possible. C'est une défense qui prenait très peu de but, on a même terminé deuxième meilleure défense derrière Lyon. On faisait de très bon matchs tous ensemble et quand ça tournait moins bien, on avait de la réussite. On s'appuyait énormément sur ces joueurs là.
Dès l'hiver, on sent que le Stade Rennais FC peut réaliser quelque chose de grand cette saison là. Y a t'il des matchs qui t'ont marqué ?
On a terminé la saison sur 11 matchs sans défaite. On surfait sur une vague incroyable et c'était vraiment génial de vivre une série comme ça mais j'avoue qu'aujourd'hui il n'y a que le dernier match à Lille qui reste. Autrement il y avait eu la réception de Lyon à qui on avait infligé sa première défaite de la saison (NDLR : 1-0 le 4 novembre 2006). Il y avait eu un but de la tête de Stéphane Mbia et j'avais eu pas mal d'arrêts à effectuer.
Et le dernier match à Lille avec ce but de Fauvergue dans les arrêts de jeu.
On a vraiment eu le sentiment de s'être fait voler quelque chose. On ne peut s'en prendre qu'à nous-mêmes car on a vraiment l'impression d'être passé à côté d'un truc incroyable. En plus, il y avait eu cette victoire de Toulouse sur tapis vert contre Nantes. Je me souviens que dans les 3 dernières minutes, les Lillois n'y étaient plus et n'avaient plus qu'une envie : que le match et la saison se terminent car ce n'était pas exceptionnel pour eux en 2007. Il n'y avait plus que Fauvergue qui était à 140% parce qu'il venait d'entrer et c'est lui qui a marqué. On avait vraiment les boules dans le vestiaire. Psychologiquement, c'était vraiment très dur de terminer la saison de cette manière.
"Lacombe m'a traîté comme une me…, comme un petit jeune inexpérimenté"
En 2007/2008, tu démarres comme titulaire mais l'équipe ne tourne pas trop. Comment tu as vécu la première partie de saison qui a mené au retrait de Pierre Dréossi ?
Le groupe n'avait pas énormément changé et n'avait pas été bousculé. On continuait avec le même entraîneur. J'ai manqué quelques matchs sur blessure et Patrice Luzi a assuré un bon intérim. À mon retour on fait une très mauvaise série. Le constat que je fais avec le recul : pas de boulette mais pas décisif non plus. Il y avait deux attaques par match et souvent ça faisait deux buts.
Guy Lacombe a pris la suite en décembre 2007. Qu'a t'il changé ?
Il a mis quelques joueurs sur le banc comme Etienne Didot, Olivier Sorlin ou moi et il a eu des résultats. C'était un choix d'entraîneur…
C'est André Amitrano qui prend en charge les gardiens de but lors de l'arrivée de Lacombe. Comment cela se passe avec lui ?
Honnêtement, ça ne s'est pas bien passé au début. Non pas dans le relationnel mais plutôt dans le fait que Christophe Lollichon s'en aille. Le fait d'avoir travaillé pendant tant d'années avec quelqu'un qui fait partie des meilleurs entraîneurs au monde. J'en avais conscience à l'époque et je me suis inconsciemment braqué en faisant des choses différentes avec André. Par la jeunesse je me braquais de ne pas comprendre forcément les exercices que l'on faisait et leur but. En somme, ça ne s'est pas forcément bien passé.
Au fil des semaines, Guy Lacombe te met en concurrence avec Luzi puis le préfère à toi en fin de saison. Comment tu as vécu cela ?
Je n'ai pas mal vécu le fait de passer sur le banc du fait que je n'étais pas décisif, je ne revendiquais rien et j'étais encore jeune. Je n'avais pas d'énorme frustation, je me suis dit : "tu la fermes et tu bosses !". La frustration vient plus du regret dans la manière dont cela s'est passé. Ce coach m'avait dit en arrivant que j'étais quelqu'un d'important pour la suite de la saison. Et à partir du moment où il m'a mis sur le banc, il m'a traîté comme une me…, comme un petit jeune inexpérimenté. Avec le recul, c'est ce que je trouve dommage. Il m'a même convoqué dans son bureau en m'expliquant que je n'étais pas décisif et qu'il allait changé de gardien au prochain match. Je trouvais ça plutôt correct de sa part mais j'ai vraiment pas apprécié sa manière de traîter un joueur qui n'est plus sur le devant de la scène. Je ne demandais pas qu'il me prenne en individuel chaque semaine pour engager une thérapie de retour au haut-niveau mais j'aurais apprécié un peu plus de considération surtout que j'étais le gardien titulaire en début de saison. Ensuite, il a fait le choix de prendre Douchez à l'intersaison et je n'ai rien à redire vis à vis de cela vu que ce dernier a fait d'excellentes saisons à Rennes.
"Ma première réaction a été : qu'est ce que je vais aller faire en D2 en Allemagne ?"
Ton départ se dessine à l'été 2008. Comment se fait ton transfert à Fribourg ?
En fin de saison, j'avais fait un super match à Caen avec pas mal d'arrêts. Le coach ne m'avais pas remis le match d'après, j'étais déçu et avec l'arrivée de Douchez, je devais partir de Rennes, quitter le cocon, la famille et les amis. Fribourg s'est manifesté une première fois début juillet. Ma première réaction a été : "mais qu'est ce que je vais aller faire en D2 en Allemagne ?" Ça ne m'exitait pas du tout. Je pensais avoir beaucoup plus de sollicitations en France et fin juillet, il fallait reconnaître que je n'avais pas de propositions. Fribourg est revenu à la charge à ce moment là et mon agent me l'a présenté comme un club très sérieux et structuré. Une fois sur place, j'ai été agréablement surpris par les installations et la qualité d'organisation allemande.
Tu découvres la Bundesliga, s'il ne fallait en retenir qu'un souvenir. Quel serait il ?
La première saison, je me souviens de la 30ème journée en deuxième division où l'on assure la montée et le titre de champion. C'était à Coblence dans un petit stade avec une piste d'athlétisme autour devant 8000 personnes. Au total, 5000 supporters de Fribourg avait fait le déplacement avec 7 heures de bus. Le terrain a été envahi à la fin du match, c'était une ambiance extraordinaire. Au retour, on s'arrêtait à chaque station service pour prendre des bières et retrouver les supporters. Arrivé à Fribourg, 3000 fans nous attendaient. Pour une montée en Bundesliga, c'était incroyable !
Comment se termine ton aventure en 2011 à Fribourg ?
Ça se termine amèrement. J'ai eu des problèmes de cheville et je décide de partir en centre de rééducation sur conseil du docteur français qui m'avait opéré. Quand je suis parti début mai, le manager m'a expliqué qu'un jeune avait fait une bonne saison et que c'est lui qui repartirait en tant que numéro 1 en 2011/2012. Ils m'a aussi dit que j'étais un joueur important et qu'on comptait sur moi sans garantie de redevenir numéro 1. J'étais 100% d'accord avec ce discours et j'avais envie de rester. Au centre de rééducation, j'ai appris que le club avait recruté un nouveau gardien et qu'il avait décidé de ne pas me garder. J'ai trouvé ça très petit de la part du manager d'autant plus que mon agent tentait de l'appeler depuis plusieurs semaines. Malgré le fait que je n'avais plus joué depuis un an, je m'entendais très bien avec mes coéquipiers. J'aurais préféré qu'il me dise qu'il ne comptait plus sur moi dès le mois d'avril. Ça m'aurait permis de faire mes adieux au club, aux collègues et aux supporters. Ça ne s'est pas passé comme ça et faut tourner la page.
"Je suis un gardien complet partout sans avoir de très grands points forts"
Tu n'as pas trouvé de club à l'été 2011. Comment ça s'est passé ?
Le problème c'est surtout que j'étais encore blessé. J'ai fait une journée de test à Evian qui s'est bien passé sans garantie de contrat, leur discours allait dans ce sens. Le docteur de l'ETG m'a expliqué que je souffrais d'une fracture de fatigue au pied et pour cette raison, il ne donnerait pas son aval pour me faire signer. Il a bien vu le coup puisque j'ai mis énormément de temps à me remettre et le problème ne s'est reglé que fin janvier 2012. Je me suis mis dans la tête que ce serait une année blanche. Le problème avec les fractures de fatigue c'est que tous les mois il faut contrôler pour voir si cela s'est consolidé ou non. Maintenant, c'est reparti !
Comment fais tu pour t'entraîner actuellement ?
Début janvier, j'ai appellé Landry Chauvin (NDLR : entraîneur du FC Nantes passé par le Stade Rennais FC) pour savoir si je pouvais m'entraîner à Nantes, un club pro avec des structures. Étant donné que j'habite Cholet, c'est à une demie-heure de chez moi. Il m'a orienté vers Loïc Amisse, l'entraîneur de la réserve et Willy Grondin, l'entraîneur des gardiens. Cela me permet d'avoir un entraînement du mardi au vendredi. En plus, je fais un gros footing le dimanche. Grâce à ça, je fais des séances classiques de sportif de haut niveau depuis janvier. Je suis content aujourd'hui car j'ai retrouvé la forme et le rythme que j'avais avant.
Que recherches tu comme projet sportif maintenant ?
N'importe quoi ! Je suis prêt à repartir à l'étranger et pourquoi pas en Allemagne. Pour découvrir autre chose, je serais très intéressé par les clubs d'Istanbul ou encore aller aux États-Unis ou en Angleterre. En France, pourquoi pas dans un club avec un projet cohérent. Être deuxième gardien dans un club de Ligue 1, c'est une autre possibilité que je suis complètement capable de remplir.
S'il fallait définir tes qualités et défauts sur le terrain, tu dirais quoi ?
Mon avantage c'est que je suis complet partout sans avoir de très grands points forts. C'est le type de gardien qui est apprécié en Allemagne. Et j'ai surtout l'envie, c'est ma plus grosse qualité actuelle. Là j'ai faim car ça fait un an et demi que je n'ai plus goûté la compétition. Il manque l'adrénaline ! Quand je fais les petits jeux à l'entraînement, je n'ai qu'une envie c'est de gagner et j'ai surtout envie de retrouver ça en compétition.
À ton poste, as tu des modèles dans le football international ?
Peter Schmeichel et Fabien Barthez avec qui j'ai grandi en voyant ses exploits lors de la coupe du monde. Sur les gardiens actuels, je trouve qu'il y a vraiment de très bons gardiens en France. Par exemple, ce que fais Ruffier actuellement est impressionnant, il a une constance dans ses performances qui est assez incroyable. Il y aussi Iker Casillas qui est au haut-niveau en championnat, en Champion's League et en sélection depuis 1999. Je crois qu'il n'y a pas d'autres gardiens qui ont une telle longévité au top niveau actuellement.
"En coupe, ce serait super pour le club de ramener enfin un trophée"
En Ligue 1, y avait il un attaquant que tu redoutais plus que d'autres ?
Je trouvais ça compliqué de jouer contre Pauleta parce qu'il était en pleine bourre à Paris. C'était un joueur super rusé et ça engendrait un peu plus d'appréhension avant de le jouer. Je me rappelle d'ailleurs d'un match joué à Rennes où il était à la lutte avec John Mensah sur un long ballon en profondeur dans les 18 mètres. Dans son dos il dit "laisse" et John laisse passé le ballon croyant que c'était moi qui le lui avait dit. Pauleta a pu enchaîner son action derrière. Ce sont plein de petits trucs comme ça dont ce joueur était capable et qui mettait en difficulté les défenseurs et les gardiens.
Et en Bundesliga ?
Il y avait les internationaux. Özil avait été extraordinaire contre nous lors d'un déplacement à Brême. Il y a Robben aussi lors d'un match contre le Bayern, il avait été absent en première mi-temps et très bien cadré par notre arrière gauche. Mais en deuxième mi-temps, il marque deux buts.
Que penses tu de Benoît Costil l’actuel gardien du club ?
Il a fait un très bon début de saison. Je me suis déplacé trois fois pour voir les matchs de Rennes et j'ai vraiment été surpris par sa sobriété. Il ne fait jamais un geste de trop. D'après les échos que j'ai aussi, c'est un très bon mec. Il a un bel avenir devant lui.
Hormis toi et Tony Heurtebis, aucun gardien issu du centre de formation du Stade Rennais FC n'a réussi à s'imposer en Bretagne ces 20 dernières années. As tu une explication à ça ?
C'est assez curieux. Il y a une circonstance quand même qui peut expliquer cela c'est la longévité de certains gardiens dans un club comme Coupet ou Lloris à Lyon. À Rennes par exemple, il y a Abdoulaye Diallo qui est excellent mais à qui il manquera peut être lui un peu de maturité pour prendre la place de Costil à Rennes s'il tient sa place pendant 3-4 ans. Pour les gardiens, il n'y a qu'un poste et il faut parfois avoir une chance, une opportunité.
Suis tu toujours les résultats du Stade Rennais FC ?
Comme je ne suis pas loin à Cholet, j'essaie de voir des matchs à Rennes. J'en ai vu trois cette saison alors que je n'en avais plus vu pendant 3 ans. Je suis un petit peu et j'espère vraiment qu'ils vont faire quelque chose en coupe cette année parce qu'en championnat ça risque d'être un peu compliqué. J'espère que j'aurais tort sur la Ligue 1 mais la victoire en coupe ce serait super pour le club de ramener enfin un trophée.
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