Entrevue William STANGER

William Stanger fait partie de cette génération dorée du Stade Rennais FC qui a tout gagné chez les jeunes de 2002 à 2004. Notamment vainqueur de la Coupe Gambardella en 2003 en compagnie des Briand, Gourcuff et Faty, le natif de Quimper revient sur son parcours en Rouge et Noir et sur son parcours de footballeur professionnel. Il revient aussi sur les stages d'été pour les 8-15 ans qu'il organise chaque été à Saint-Malo avec des parrains prestigieux.

"On avait un groupe fort sur le plan humain avec des talents de fou"

Quand et comment débarques tu au Stade Rennais FC ?

J’arrive au Stade Rennais FC en l’an 2000 en provenance de l’US Saint-Malo. J’étais au centre de préformation de Ploufragan et à l’issue de ma première année là bas, des clubs pros m’ont sollicité et j’ai choisi Rennes. Parmi les autres clubs qui me voulaient, il y avait Monaco, Nantes, Paris, Guingamp et Auxerre. À Ploufragan, il y avait notamment les Yoann Gourcuff, Sylvain Marveaux, Romain Danzé de la génération 1986. Pour ma génération 1985, peu de joueurs ont percé à part Virgile Reset de Boulogne-sur-Mer.

Peux tu nous raconter ton quotidien au centre de formation ?

La journée type au centre de formation, c’est 7h00, on se lève ; de 7h45 à 9h45, on va en cours ; 10h00 aux vestiaires ; 10h15 sur le terrain jusqu’à 12h00-12h30 puis le repas. À 13h45, retour en cours jusqu’à 15h45 ; 16h00 retour à l’entraînement. La journée se termine par le repas et les devoirs. Le temps pour déconner avec les copains, c’est souvent sur le trajet de l’entraînement. J’ai connu les entraînements à l’écluse du Moulin du Comte à 15 ans puis on s’entrainait ensuite à La Piverdière.

Qui étaient les coéquipiers et dirigeants qui t’y ont marqué ?

Je garde un bon souvenir de tout le monde. Chaque éducateur était différent que ce soit Éric Atta, Philippe Bizeul ou Landry Chauvin. Ils m’ont tous fait progresser en imposant leur patte. Parmi mes coéquipiers, il y a forcément Simon Pouplin qui est mon meilleur ami aujourd’hui. Johann Ramaré qui est aussi mon ami et qui remonte en Ligue 1 avec Reims en 2012/2013.

En 2002, champion de France U17 ; en 2003, Gambardella ; en 2004, champion de France des réserves pros. Peux tu nous conter les temps forts personnels lors de ces victoires ?

Les images qui me restent ce sont les demies et finales de chacune de ces compétitions. On avait un groupe fort tant sur le plan humain que footballistique avec des talents de fou. Il m’en reste des émotions car ce sont mes premières victoires, mes premiers titres. Après, on se sentait vraiment forts avec nos qualités et surtout l’ambiance au sein du groupe. J’ai commencé à jouer en numéro 9 et vu la concurrence en attaque avec Jimmy Briand, Moussa Sow, Jirès Kembo, j’ai reculé progressivement en 9 et demi ou numéro 10 car il fallait survivre… En finale de Gambardella en 2003, je remplace Stéphane N’Guéma dans le dernier quart d’heure. Je me souviens que le match passait en direct sur TV Breizh. On s’impose (4-1) en finale contre le Racing Club de Strasbourg où il y avait notamment Éric Mouloungui, Ludovic Sylvestre et Habib Bellaïd. J’étais sur le banc et il ne restait plus qu’Aurélien Montaroup et moi. C’était l’un ou l’autre qui entrait et le stade commençait à se remplir pour la finale de Coupe de France PSG-Auxerre qui allait suivre avec les Ronaldinho, Mexès, Cissé, Kapo. Là quand je vois Landry Chauvin qui appelle Stéphane N’Guéma pour sortir, je sais que c’est pour me faire entrer.

"Je n'avais jamais rencontré un mec comme Dado Prso dans le football"

A l’été 2005, tu joues un match de préparation contre Guingamp avec les pros. Souvenir ?

C’était un peu chez moi à Dinard et il y avait beaucoup de connaissances au stade ce jour là. Je remplace Alexander Frei – avec qui je m’entendais bien – pour les 20 dernières minutes. C’était un beau moment. Je me rappelle que j’avais fait un passement de jambes sur Milovan Sikimic et j’avais frappé et failli marquer. Etienne Didot me guidait ce jour là.

En 2006, tu signes aux Rangers à la surprise de beaucoup. Peux tu nous raconter comment ça s’est fait ?

Paul Le Guen venait de reprendre les Rangers et cherchait des jeunes joueurs pour compléter son groupe. Mon beau-père Yves Colleu, l’adjoint de Le Guen, en avait parlé avec Landry Chauvin notamment au sujet d’un défenseur : Antoine Ponroy. Ils étaient venus le voir jouer et m’avait proposé de les rejoindre également pour compléter les postes offensifs. J’étais vraiment conscient de la chance que j’avais à chaque entraînement. Je les abordais comme des matchs. Au final, personne ne m’attendait là-bas et j’ai fait 16 apparitions dans le groupe en Premier League. À la base, je m’entrainais avec les pros pour jouer avec la réserve le mardi.

Tu y joues notamment un match de Coupe d’Europe contre le Partizan Belgrade. Souvenir ?

C’était super, à Ibrox Park, à domicile devant 50000 spectateurs. Avec le recul, je me dis que je n’avais pas plus d’appréhension que ça. On s’impose (1-0) et on se qualifie pour le tour suivant dans une super ambiance. Je me sentais très bien à ce moment là car il y avait un certain Dado Prso. Je n’ai jamais rencontré un mec comme ça dans le football. Il avait un état d’esprit exceptionnel, on était un peu ses petits alors que physiquement c’était un monstre. Je me souviens même qu’il me mettait des claques avant le match. Il y avait aussi Brahim Hemdani qui nous guidait les jeunes français. J’ai d’ailleurs eu un peu la même occasion que celle dont on a parlé précédemment contre Guingamp.

Tu peux nous raconter ton parcours des Rangers jusqu'au Poirée-sur-Vie ?

Après les Rangers, je pars en Grèce à l’Iraklis Salonique pour faire un essai. Je fais la semaine du lundi au vendredi et je reçois le jeudi une proposition du club pour signer un contrat professionnel de 3 ans. Je devais signer sauf que le coach saute le week-end et l’entraineur qui l’a remplacé ne comptait pas sur moi. Il fallait que je continue à jouer donc Paul Le Guen et Yves Colleu m’ont invité à les suivre au Paris SG. Bertrand Reuzeau, le directeur du centre de formation, avait une génération de joueurs de 18 ans qui arrivait en CFA. Il cherchait justement 4 joueurs pour encadrer ces jeunes là et j’ai fait partie des joueurs à qui il a confié ce rôle là. Je passe une super saison à Paris qui était une vitrine pour moi, je ne voyais pas le club comme ça. Les Rangers à côté, c’était un grand club au niveau de l’organisation notamment. C’était une super expérience l’année où le PSG était en crise et avait fait jouer tous ses jeunes dont Mamadou Sakho, capitaine, lors d’un match à Valenciennes. Il se trouve alors que Compiègne monte un projet pour jouer la montée en National avec Bruno Roux comme coach qui avait l’habitude de venir voir des matchs au Camp des Loges. J’ai accepté ce projet et on termine 2ème derrière Besançon cette saison là. Aujourd’hui, je joue au Poirée-sur-Vie en National. Il y a un président fortuné, c’est un club ambitieux, familial avec beaucoup de valeurs. Le président fait en sorte que tout ceux qui encadrent le club et les bénévoles soient limite plus important que les joueurs. Notre parcours pourrait ressembler à ceux d’Evian ou Boulogne ces dernières années.

"Petit, j’étais comme un dingue quand je croisais un joueur pro"

Vu de l’extérieur après être passé par le SRFC, as-tu des pistes d’explications sur le pourquoi les Rouge et Noir ne parviennent pas à franchir ce fameux palier ?

Aujourd’hui, quand on voit les effectifs de Montpellier et du Stade Rennais FC, on se dit qu’il n’y a pas un si grand écart que cela. Mais tout ne dépend pas de la qualité des joueurs, il y a aussi la vie du groupe et sur ce point je ne sais pas comment cela se passe actuellement. On dit que l’on est trop bien à Rennes, je ne sais pas si cela joue. Je pense que la qualité est là c’est indéniable mais il faut vivre à l’intérieur du groupe pour comprendre. Sinon, je suis tous les matchs du Stade Rennais sur Foot+ ou Canal+ mais la saison prochaine ce sera peut être plus difficile avec des matchs le vendredi comme Le Poirée-sur-Vie en National.

Quel serait ton onze idéal du Stade Rennais FC sur les années présentes et passées ?

Cech – Réveillère, Sommeil, Mensah, Escudé – M'Vila – Wiltord, Leroy, Gourcuff, Monterrubio – Nonda.

En remplaçants : Pouplin, Melchiot, Arribagé, Källström, Utaka, Pagis, Frei. Enfin comme coach, le duo Le Guen/Colleu. Avec cette équipe là, Rennes jouerait la Champion's League !

Parlons de tes stages. Comment sont-ils nés ?

Déjà, les entrainements ont lieu le matin. Comme je ne suis pas quelqu’un qui joue à la console et je ne dis pas ça pour Romain Danzé (rires), il fallait que je trouve quelque chose car j’ai un DEUG de Staps et je ne me voyais pas reprendre la Licence. Je suis donc parti avec l’idée qu’il fallait que je monte un projet. Je pensais faire un soccer mais cela n’a pas pu aboutir. Je suis donc parti sur l’idée des stages car j’ai moi-même suivi des stages quand je jouais en jeunes. La création des stages a pris du temps et aujourd’hui, ils ont lieu à Saint-Malo depuis 5 saisons.

Quels sont les objectifs pédagogiques et ludiques de ceux-ci ?

À la base, c’est dans la période des vacances scolaires et ça doit donc rester du loisir. Avec l’aide de Mathieu Le Scornet qui est un éducateur du Stade Rennais et qui est reconnu en Bretagne, on essaie d’apporter aux jeunes de 8 à 15 ans (garçons et filles) ce qu’ils n’ont pas en club. On leur apporte un travail complémentaire de ce qu’ils font le reste de l’année avec leur club.

Comment obtiens tu des parrains aussi prestigieux ?

Simon Pouplin, Romain Danzé, Yohann Ramaré, Wesley Lautoa et Grégory Bourillon sont des amis qui ont joué avec moi. Ils accompagnent les stages. Quand j’étais petit, j’étais comme un dingue quand je croisais un joueur pro. Là c’est ce qu’ils peuvent apporter à mes stagiaires.

Un mot de la fin ?

Je garde un très bon souvenir du Stade Rennais FC. Il y a encore de la marge et du potentiel pour faire encore mieux. Ce sont les résultats qui parleront maintenant.


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