Entrevue Loïk KERBIRIOU

Loïk Kerbiriou est un personnage à part de l’histoire du Stade Rennais FC. Ayant toujours privilégié ses études d’Education Physique et Sportive, il devient titulaire en milieu de saison 1972/1973 puis capitaine à partir de la saison 1973/1974. Considéré comme un « intellectuel » en compagnie de Raymond Kéruzoré, Yves Le Floch et Philippe Redon, il est mis de côté par les dirigeants du club et doit quitter le Stade Rennais FC par la petite porte durant l’intersaison 1975/1976. Il y reviendra deux fois, notamment pour épauler son ami de toujours Raymond Kéruzoré.

● Né le 7 mars 1949 à Brest (Finistère)
● Premier match : Stade Rennais UC – FC Girondins de Bordeaux (0-1) du 12 octobre 1968
● Dernier match : Stade Rennais FC – Limoges (2-0) du 28 avril 1979 (Division 2)
● 98 matchs joués avec le Stade Rennais UC puis Stade Rennais FC pour 0 but
● Stade rennais UC (1968/1975) ; Cormorans de Penmarc’h (1975/77) ; Stade Brestois (1977/1978) ; Stade rennais FC (1978/1979)

"Pour moi, le football a été une rustine de santé"

Quel a été ton parcours avant d’arriver au Stade Rennais Université Club lors de la saison 1966/1967 ?

J’habitais Brest. Mon club, c’était le Stade Brestois. Nous n’avions pas de matériel à l’époque. Nous n’avions même pas de godasses. Je faisais les entraînements en "Pataugas". Puis après, j’ai eu de vraies godasses de foot à bouts carrés et crampons pointés. Comme j’ai grandi tôt et vite et que je jouais au foot tout le temps, j’ai été un petit peu remarqué. Lors de ma saison de Cadet première année au Stade Brestois, j’ai été sélectionné en Cadet de l’Ouest. Je me rappelle avoir joué avec les Cadets de l’Ouest contre Patrice Rio qui jouait avec les Cadets de l’Ouest de Normandie et qui a fini sa carrière au Stade Rennais FC.

En Cadet 2ème année, je suis parti à l’AS Brestoise car mes copains y jouaient. Je suis resté sélectionné comme Cadet de l’Ouest, 2 ans de rang et c’est là que j’ai rencontré Raymond Kéruzoré, Hervé Guermeur entre autres. A l’époque, il y avait une Coupe Régionale où s’opposaient les sélections du Finistère Nord, du Finistère Sud, du Morbihan. Comme j’avais grandi de bonne heure, je devais déjà faire un 1,78 m pour 78 kg et que j’avais déjà à moitié une barbe à quinze ou seize ans, les équipes que nous rencontrions pensaient que j’étais un dirigeant quand j’arrivais sur le terrain ! En Junior 1ère année à seize ans, j’étais toujours à l’AS Brestoise quand ma mère est décédée. Du coup, j’ai décidé d’arrêter de jouer.

Finalement, j’ai repris le football à l’ASB avec une grosse énergie et aussi un peu la haine de la vie. Pour moi, le football a été une rustine de santé. Quand je rentrais sur le terrain, je dégommais tout ce qui dépassait, il fallait que j’en casse un maximum. Je me suis fait ma place derrière, puis je suis monté un peu au milieu. Le Stade Rennais UC m’a repéré à cette période en Junior 2ème année. J’ai fait un essai. Je ne savais pas ce qu’était un terrain plat que j’ai découvert au Stade Rennais. Avant, je jouais sur des champs de boue. Parfois, tu tapais le ballon et après deux mètres, il restait dans la boue.

Après cet essai, le Stade Rennais m’a demandé de signer. J’ai refusé car je voulais avoir mon Baccalauréat et finir mes études à Brest. J’étais bien conseillé par des gens sympas. J’ai donc attendu d’avoir mon Bac tout en jouant pour l’ASB jusqu’en Junior 2ème année.

Comment es-tu finalement arrivé au Stade Rennais Université Club (SRUC) ?

J’ai eu mon Bac en 1968, année où il a été donné à tout le monde. Sans cela, peut-être que je ne l’aurais pas eu. Avec mon Bac en poche, je suis parti continuer mes études à Rennes pour devenir professeur d’Education Physique et Sportive (EPS). J’ai signé Stagiaire Professionnel au Stade Rennais UC dès mon arrivée sur Rennes. En parallèle, je suis rentré en 1ère année de Professorat. A l’époque c’était costaud : il fallait faire l’équivalent de deux années de Médecine, en une seule année. Il y avait, chaque jour, entre quatre et six heures d’activités physiques. C’était quatre heures de gymnastique au sol. Il y avait Natation le midi, puis des cours théoriques l’après-midi suivis de deux heures de Basket. Nous étions affûtés avec de vraies tablettes de chocolat. J’ai réussi à avoir ma première année tout en jouant avec l’équipe Amateur du Stade Rennais UC. Je jouais sur les deux tableaux : mes études et le foot. Je jouais avec l’équipe réserve tout en faisant environ une apparition par an en professionnel.

"Le Stade Rennais, c’était une lumière. C’était le club de la Bretagne !"

Que représentait pour toi le Stade Rennais lorsque tu as signé au club ?

Le Stade Rennais, c’était une lumière. C’était le club de la Bretagne ! L’équipe de 1965 avait brillé. Avant, il y avait eu Mahi Khennane 1. Après il y a eu Daniel Rodighiero. Puis, il y a eu Loulou Floch 2, qui avait joué à Saint-Pol-de-Léon et dont je me rappelle très bien car il cavalait. Comme Robert Coat à l’AS Brestoise, Loulou courait très vite. Quand il débordait, tout le monde se levait en tribunes. Au Stade Brestois, nous disions que Loulou, c’était la "fusée". Alors, imaginez Loulou à Rennes…

Comment ta situation d’étudiant était considérée au club ?

Les dirigeants savaient qu’ils ne pouvaient pas trop compter sur moi. J’en suis encore reconnaissant au Stade Rennais aujourd’hui. Ils ont respecté ce qu’ils avaient écrit par courrier, à savoir respecter mes études. Jean Prouff, entraîneur du club, était aussi Professeur d’Éducation Physique et savait donc ce qu’était le travail physique. Je représentais cet esprit qui existait au club depuis longtemps qui était d’allier étude et football. J’étais donc "à la bonne" tout comme les joueurs qui n’étaient pas uniquement des footeux comme Philippe Redon, Raymond Kéruzoré, Yves Le Floch, Louis Bocquenet.

Je faisais quelques apparitions en équipe professionnelle mais je donnais la priorité entière au Professorat que j’ai eu en juillet 1972. Ma finalité à l’époque n’était pas devenir professionnel. J’étais stagiaire professionnel. Le Stade Rennais me payait mes études. C’était sympa. Si quelqu’un m’avait demandé de faire tous les matchs, j’aurais dit que cela n’était pas possible. En 1ère année de Professorat, c’était impossible. Pendant, un an, je ne me couchais jamais avant minuit, une heure du matin. Ça m’a aidé au niveau football, car avec cet entraînement physique, je pouvais courir pendant des heures.

En réserve, je tenais bien mon rôle. Je pense donc que depuis le début j’aurais pu jouer en équipe première. Je m’entraînais de temps à autre avec les professionnels. Mais moi depuis le début, j’avais un seul objectif : obtenir mon Professorat. Je pense encore aujourd’hui que j’ai eu raison de faire comme cela.

1969, Stade Rennais Equipe Amateur. Debouts : Gilbert Robin, Loïk Kerbiriou, Daniel Périault, Alain Quinton, Pierre Dault, Louis Bocquenet, Alain Blanchard. Accroupis : Bougey, Raymond Kéruzoré Yannick Cuissard, Yves Le Floch, Hervé Guermeur Jean-Michel Bellat.

Gardes-tu un souvenir de ton premier match en Division 1 ?

Ton premier match en professionnel, tu t’en rappelles : c’était contre les Girondins de Bordeaux (NDLR : 12 octobre 1968, Stade Rennais UC – FC Girondins de Bordeaux (0-1)). Je m’en souviens très bien, c’était un soir. J’ai joué arrière droit et j’étais au marquage d’un dénommé Santos. Il y avait une publicité pour la lumière OSRAM sur une tribune. Je pense que Jean Prouff me mettait là où il y avait des trous, comme il faisait avec Louis Bocquenet.

Tu fais plusieurs apparitions en professionnel dont le match à Sochaux (NDLR : 12/06/1971 : FC Sochaux-Montbéliard-Stade Rennais UC (4-2)) avant la finale de la Coupe de France 1971).

C’était la semaine juste avant la finale de la Coupe de France. Louis Cardiet, capitaine et titulaire indiscutable était blessé. Lors de ce match, j’ai gazé, mais je sentais que les autres joueurs préparaient la finale. A ce qu’il paraît, j’avais été dans les meilleurs. Mais finalement, Louis Cardiet est revenu de blessure et était titulaire pour la finale. Je n’ai donc pas joué la finale mais j’aurais pu la jouer. Pour me remercier de mon gros match à Sochaux, Jean Prouff m’avait fait inviter comme invité d’honneur pour la finale. Mais, j’ai préféré me fiancer et je n’y suis pas allé.

"Je voulais partir faire le clown dix jours à Fontainebleau"

Après avoir obtenu ton Professorat, tu enchaînes directement après en faisant ton service militaire ?

Effectivement, j’ai tout de suite fait mon service militaire. Normalement, les professeurs d’EPS allaient au Cadre Noir de Saumur. J’avais une lettre du Ministre de la Défense de l’époque, Michel Debré disant que je devais rejoindre dans un premier temps Fontainebleau pour quelques jours puis Rennes. Je voulais partir faire le clown dix jours à Fontainebleau et revenir à Rennes ensuite. Sauf que j’ai reçu une convocation pour le Cadre Noir de Saumur ! J’ai décidé de ne pas y aller, si bien que j’ai été obligé de me cacher chez mes futurs anciens beaux-parents. Les gendarmes m’ont alors cherché dans Rennes. Quand je repassais chez moi, mes voisins me disaient que les gendarmes étaient passés.

Finalement, cela s’est arrangé car les dirigeants du Stade Rennais ont réussi à me faire aller à Fontainebleau puis revenir à Rennes au GMR. Je me suis retrouvé au service militaire avec Raymond Kéruzoré et Alain Philippe. Mais, nous n’avions rien de militaires : nous étions à l’entraînement tous les jours.

Dans quelles conditions as-tu commencé à devenir titulaire ?

J’ai mis le pied à l’étrier lors de la saison 1972/1973 en faisant une demi-saison alors que j’étais toujours militaire. J’ai joué très peu de matchs jusqu’en Octobre ou Novembre. J’ai commencé à jouer régulièrement. Nous n’avions pas de permission mais je jouais quand même. Je me rappelle un match où j’avais demandé au Capitaine de la caserne si je pouvais être exempté pour aller jouer au foot. Il m’avait répondu qu’il n’en était pas question. Mais j’y étais quand même allé et il avait vu un passage à la télé. Le lendemain, il m’avait recadré mais j’étais couvert par Mr Tanneau, le Président des Cormorans de Penmarc’h, qui était le Commandant de la caserne.

23 août 1972 : Stade Rennais FC – Paris FC (2-1). Debouts : Daniel Bernard, Alain Cosnard, Alain Rizzo, Louis Cardiet, Loïk Kerbiriou, Pierre Garcia. Accroupis : Hervé Guermeur, Raymond Kéruzoré, Fantamady Keita, Réginald Dortomb, André Betta.

En tant que défenseur, des attaquants t’ont-ils impressionné ?

Durant ma carrière, il n’y a jamais un mec qui m’a intimidé physiquement sur un terrain. Je n’ai jamais eu peur de personne. Mon plus grand souvenir, c’est la santé que tu peux acquérir en t’entraînant une à deux fois par jour. Je n’étais pas provocateur. Je jouais avec ma masse physique, mon tempo dans le jeu et j’ai toujours gardé cet esprit. Quand je suis dans mon droit, je vais droit devant. Je me rappelle Curioni, un Argentin, qui jouait au FC Nantes. C’était un bœuf. Je me rappelle, un jour, il s’avance vers moi du milieu de terrain et me dit : "toi, je vais te casser". Je lui ai répondu que nous allions voir qui allait casser l’autre. Je prends vingt mètres d’élan et je lui rentre dedans. Après cela, s’il pouvait me mettre un coup de latte lorsque que je dégageais, il le faisait en mettant son pied sur ma cheville. Nous avions fini tous les deux avec les shorts en lambeaux.

Tu es titulaire indiscutable à partir de la saison 1973/1974 et prends même régulièrement le capitanat. Comment cela s’est-il passé ?

En 1973/1974, je joue quasiment tous les matchs. Je suis en pleine forme, en pleine force de l’âge. Puis durant l’hiver 1974, Laurent Pokou arrive dans une équipe qui bougeait beaucoup autour de lui. Il a donné le petit plus. Dans le jeu, c’était un chat, un félin. Il a mis les buts qu’il fallait pour que l’équipe tourne bien. Par contre, à l’entraînement, je ne le trouvais pas du tout exceptionnel, il ne forçait pas, il était même nul.

"Il n’y avait rien à reprocher à René Cédolin"

La saison suivante, le Stade Rennais démarre plus que correctement et puis vient le coup de tonnerre : René Cédolin 3, l’entraîneur, est limogé et remplacé par Antoine Cuissard. Que s’est-il passé ?

Tout est parti à l’envers. Nous avons été surpris car l’équipe tournait bien. René Cédolin, l’entraîneur, était quelqu’un de relativement réservé mais c’était une bonne personne. Il travaillait beaucoup. Bernard Lemoux, le président du Stade Rennais, voulait un entraîneur qui soit un chef, un guerrier, ce que n’était pas René Cédolin qui parlait calmement et gentiment. Cédolin ne devait pas correspondre à ce qu’il souhaitait. Il n’a jamais dû aller contre lui verbalement. Il était gentil, droit et ça ne devait pas lui aller. Il a dû penser que ce n’était pas le meneur d’hommes qu’il fallait. Je pense que son caractère réservé a été un élément fondamental car il n’y avait rien à reprocher à René Cédolin. Bernard Lemoux s’est dit qu’avec un mec comme ça, il n’y arriverait jamais et qu’il allait le virer. Il est parti d’un coup.

1974 : Loïk Kerbiriou en compagnie de son entraîneur René Cédolin.

Et au terme de cette saison, le Stade Rennais FC descend en Division 2.

Nous avions été écrasés à Metz en Coupe de France (NDLR : 7 mars 1975 : 16ème de finale Retour de la Coupe de France : FC Metz-Stade Rennais FC (5-0)). C’est à cette période que Bernard Lemoux a repris Antoine Cuissard, qui allait redevenir entraîneur onze ans après. Antoine Cuissard, était venu assister au match à Metz. C’était mon dernier match de la saison, car je jouais blessé, sous "cachous" et piqûres : j’avais une pubalgie. Raymond Kéruzoré a aussi été blessé. Sans me vanter, nous étions quelques-uns à faire tourner l’équipe parmi les blessés. L’état d’esprit n’était plus là non plus. Bernard Lemoux hurlait dans les vestiaires et tout le monde baissait la tête. Quand les joueurs jouaient mal, il les insultait. La dynamique de groupe a été cassée. Un jour, Bernard Lemoux, avait fait une réunion chez lui en insultant tout le monde. Il traitait les gens comme des chiens. Moi, il ne m’avait rien dit car j’étais bon. Tout le monde avait été démonté à la hache. Tout le monde baissait la tête. A l’époque, on disait que "King Kong était arrivé dans un jeu de quilles". Il a cassé l’élan et le club.

Que s’est-il passé lors de l’intersaison 1975/1976 ?

Même blessé, je venais au stade. Antoine Cuissard m’avait dit qu’il avait besoin de moi pour encadrer et qu’il fallait que je vienne l’aider à encadrer l’équipe et les aider à faire de la musculation à l’équipe. Il comptait sur moi pour remettre l’équipe en route.

A l’intersaison, je pars en vacances. Au retour, à la reprise de l’entraînement, plusieurs joueurs ont été convoqués : Raymond Kéruzoré, Yves Le Floch, qui était stagiaire, Philippe Redon et moi-même. On nous dit que le Club ne veut plus de nous ! Philippe Redon est parti aussitôt au Red Star dès qu’il a su que le Club ne voulait plus de lui. Antoine Cuissard m’a dit que j’étais nul, que j’avais un mauvais état d’esprit. Il ne m’avait jamais vu jouer. Il était sous l’influence d’autres. Bernard Lemoux est venu nous voir, Raymond Kéruzoré et moi, dans le vestiaire. Il nous a dit qu’il voulait nous donner nos 3 ans de salaire et que nous pouvions partir et nous engager où nous voulions. Raymond Kéruzoré et moi voulions comprendre ce que nous avions fait de mal ! Bernard Lemoux nous a répondu qu’on nous avait vu parler tous les deux, sous la tribune. Il ne savait plus quoi inventer. "Quand tu veux tuer ton chien, tu dis qu’il est malade". Si bien qu’après, tu peux dire du mal. Il y a eu énormément de choses de dîtes sur Raymond Kéruzoré et moi.

Vu que nous avions un peu de personnalité, nous avons refusé tous les deux. Il était hors de question pour moi, de "partir avec la queue entre les jambes" même avec des sous. Sûrement pas ! Après cet échange, nous arrivons au bout du vestiaire : les journalistes étaient là. Bernard Lemoux déclare alors à la presse que nous ne voulions rien entendre et que c’était un problème entre Antoine Cuissard et nous, et que lui essayait d’arranger l’histoire. Moi, ça m’a tellement chauffé que j’étais au bord de lui rentrer dedans.

Quelles étaient alors vos conditions d’entrainement ?

Nous étions encore sous contrat. Nous devions nous entraîner à part, une heure avant le reste de l’équipe à 8h15. Il ne fallait pas que les autres joueurs rentrent dans le vestiaire tant que nous y étions. Nous nous entrainions que tous les deux, sans aide. Mais je peux dire que nous nous entraînions énormément. J’étais professeur d’EPS : je savais comment faire. Nous faisions de la musculation, de l’isométrie, du foncier. Nous étions en forme car, en plus, nous avions envie de rejouer. Je me rappelle, nous avions fait un match, Equipe 1ère contre la réserve. Nous jouions avec l’équipe réserve. Dans le jeu, nous avions bouffé l’équipe 1ère. Nous étions super motivés. C’était notre finale de la Coupe du Monde. C’est lors de ce match, qu’il y a eu un incident entre Raymond Kéruzoré et Antoine Cuissard. Raymond a dû dire un truc. Cuissard a arrêté directement l’entraînement.

Nous continuions d’aller voir les matchs car nous considérions que nous faisions toujours parti du club. D’anciens présidents, Jean Rohou, Joseph Dault, sont venus pour essayer d’arranger la situation. Il y avait même eu une pétition d’artistes en Bretagne qui auraient voulu que les choses s’arrangent, mais ça ne s’est jamais arrangé. Au bout d’un moment, Raymond Kéruzoré a fait casser son contrat et a signé au Stade Lavallois. Moi, finalement, le club a voulu me garder. Mais j’ai refusé et moi aussi, j’ai cassé mon contrat. Nous avons fait un procès. Nous demandions un franc symbolique. Pour finir, nous avons gagné le procès. Nous devions récupérer la recette de deux matchs amicaux du Stade Rennais, mais ce n’était pas l’objectif de ce procès. Nous avons donc laissé tomber.

20 juillet 1975 à Baud (Morbihan) : match amical entre le Stade Rennais FC et le FC Nantes (2-2) : A la fin du match, deux anciens présidents du Stade Rennais, Jean Rohou et Joseph Dault tentent de faire infléchir la position de Bernard Lemoux sous le regard de Raymond Kéruzoré et de Loïk Kerbiriou, tout cela au milieu du public venu nombreux, témoin de la scène.

"Je gagnais plus avec les Cormorans de Penmarc’h qu’au Stade Rennais FC !"

Et tu signes en Division 3, aux Cormorans de Penmarc’h, entraînés par un ancien Rennais Mahi Khennane 4.

Nous avions une image de voyous, de bolchéviques, de gauchistes. Personne d’autre n’est venu me chercher. Pourtant, j’avais fait des bonnes saisons avec le Stade Rennais. J’avais même été sélectionné en Equipe de France Amateur pour les Jeux Olympiques 1974. Raymond Kéruzoré m’a dit que les Cormorans de Penmarc’h cherchaient un joueur. J’y suis allé à l’automne 1975. Il connaissait bien les joueurs de Penmarc’h dont Michel Péron qui était mareyeur.

Je l’ai rencontré en posant mes conditions. J’avais demandé une réaffectation comme professeur d’EPS à Rennes. Je savais que je ne pouvais pas aller me promener à droite ou à gauche. J’ai dit que je voulais bien venir jouer à Penmarc’h mais à la condition de ne jouer que les matchs car je ne pouvais pas venir aux entrainements depuis Rennes durant la semaine. Il a accepté. Puis il m’a demandé combien je voulais. Il m’a répondu : "ça marche", nous nous sommes tapés dans la main et c’était parti. En fait, je gagnais plus avec les Cormorans de Penmarc’h qu’au Stade Rennais FC ! Descendre de deux niveaux n’était pas un regret. C’était comme si je tirais un trait. Je m’étais nourri de ce milieu professionnel et vu les études que j’avais faites et la pratique que j’ai eue, je pense que ça ne m’intéressait plus beaucoup. Il y avait trop de choses larvées, déguisées. Il fallait apprendre à se taire. Cependant, c’est un milieu que j’ai beaucoup apprécié. J’ai gardé des copains, des amitiés profondes.

Ton intégration dans une équipe amateur, toi, l’ex-joueur professionnel a dû être particulière ?

J’avais un super copain, professeur d’EPS, Claude Volant qui jouait à Penmarc’h, que je connaissais très bien car il était en STAPS avec moi. Les autres joueurs de l’équipe ont dû penser que j’étais un "bandit" et que j’allais mettre le bazar dans l’équipe. Je suis passé d’un statut de joueur Professionnel à joueur Promotionnel. En tant qu’ex-joueur professionnel, j’avais une dérogation pour pouvoir jouer. Mais je ne pouvais signer Promotionnel qu’en étant étudiant. Avec mes études, je pouvais encore avoir une équivalence d’une année en psycho. Je l’ai donc validée et j’ai pu jouer ainsi à Penmarc’h en Division 3.

Au départ, l’équipe avait du mal car le club était parti de tout en bas. Il y avait un noyau exceptionnel. C’était ce qui faisait toute la différence. Pour moi, jouer aux Cormorans de Penmarc’h a été une bouffée d’air extraordinaire. C’était super humain. Les mecs voulaient jouer ensemble et étaient d’une gentillesse incroyable. Ils me demandaient comment on avait pu me mettre un tel "costard" sur le dos.

J’ai débuté au milieu de terrain. J’ai fait deux saisons avec uniquement des mecs du coin. Nous avons gagné plusieurs matchs à l’arrache avec plusieurs exploits à la clé. Il y avait un état d’esprit incroyable dans cette équipe. J’ai joué mon premier match à Dieppe, un samedi à 15h. Avant de manger à 11h, les joueurs prenaient l’apéro et la bouteille de rouge était sur la table. Je me demandais comment cela allait se passer. Je crois que nous avions gagné. Le match à l’extérieur suivant, nous avons dû perdre (6-0) mais nous avons fait la grosse fête dans le car. Dans ces conditions optimums, j’ai fini meilleur joueur de France de Division 3 aux étoiles France Football.

Après ces deux années aux Cormorans de Penmarc’h, tu reviens ensuite en Division 2 au Stade Brestois ?

Alain De Martigny, qui était aussi Professeur d’EPS aussi et que je connaissais pour avoir joué avec lui en équipe de France universitaire, voulait monter une équipe du Stade Brestois pour monter en Division 1 en 1977/1978. Nous nous sommes mis d’accord. J’avais les mêmes conditions contractuelles. Je continuais à donner mes cours d’EPS à Rennes durant la semaine. Je ne participais donc pas aux entraînements : je ne faisais que les matchs.

J’avais un emploi du temps serré. Je devais finir à seize heures le vendredi à Rennes, et je prenais la bagnole vers Brest. Nous jouions le samedi et je rentrais à Rennes le lundi matin. C’est sans doute ce rythme qui a commencé à me fatiguer un peu : les cars, les déplacements. Je commençais un peu à me lasser. Quand nous faisions un déplacement en car, je demandais qu’il m’arrête à Rennes. Quand le déplacement se faisait en avion, l’avion atterrissait à Rennes avant de repartir vers Brest.

Après ton passage aux Cormorans de Penmarc’h et au Stade Brestois, tu reviens faire une pige au Stade Rennais lors de la saison 1978/1979. Pourquoi ?

A la fin de la saison avec le Stade Brestois, je me suis dit que j’en avais marre du foot. J’ai donc décidé d’arrêter. J’ai pris mes vacances à côté de La Baule, au Pouliguen. Mes beaux-parents avaient une maison sur la plage : j’ai fait du kayak, du bateau, je suis allé à la pêche. Un jour, je vais voir un match amical à La Baule : Stade Rennais FC - FC Nantes. Je tombe sur M. Alfred Houget 5 qui était alors Président. Il m’a demandé de revenir au Stade Rennais FC et m’a proposé un contrat comme je voulais en me disant que je jouerais seulement si je le voulais. Il m’a aussi proposé de m’occuper de l’équipe réserve. Il pensait aussi monter un centre de formation et voulait que j’en devienne le Directeur. Alfred Houget avait ce côté agréable ; il proposait de faire de nouvelles choses.

Comme il n’y avait pas de structure, au départ, cela ne m’intéressait pas trop. De fil en aiguille, j’ai réfléchi et je me suis dit que je n’avais aucune contrainte. Au niveau salaire, il ne me donnait presque rien, juste le prix de l’essence. J’étais sur place, c’était facile pour moi donc je n’avais rien à perdre. J’ai donc accepté. L’entraîneur était Alain Jubert, finistérien de Douarnenez, avec qui nous nous mettions des taquets lorsqu’il jouait à la Stella Maris et moi l’AS Brestoise. Mais quand je suis revenu, nous avons sympathisé tout de suite. Il y avait un bon esprit. Les gens étaient contents de jouer. Même si le club était en difficulté, tout le monde se serrait les coudes.

Je m’entrainais et je jouais avec la réserve. Alain Jubert m’a demandé si je ne voulais pas rejouer en équipe première. En défense, il y avait quand même Jean-Yves Kerjean et René Izquierdo. J’ai dit à Alain Jubert de faire jouer les jeunes. Alors j’ai joué un peu au milieu : j’ai dû faire dix ou douze matchs. Je me suis régalé à jouer au milieu.

13 Janvier 1979 : Stade Rennais FC-Stade Quimpérois (2-1). Debouts : Claude Klimek, Philippe Berlin, Jean-Yves Kerjean, René Izquierdo, Bertrand Marchand, Daniel Thoirain. Accroupis : Loïk Kerbiriou, Guy Nosibor, Alain Borne, Fernando Lobos, Jean-Paul Rabier.

Au cours de cette saison, tu rejoues avec Laurent Pokou.

Pokou était revenu mais les autres recrues n’étaient pas terribles. A cette période, c’était la misère le Stade Rennais. Je me souviens d’un déplacement en car à Amiens. Laurent Pokou avait dormi toute la nuit, tellement, il était crevé. En arrivant à Amiens, le terrain était gelé. Nous sommes rentrés alors directement à Rennes. Lors du fameux match de Coupe de France à Saint-Pol de Léon (NDLR : 24/12/1978 : Saint-Pol-de-Léon-Stade Rennais FC (3-1), 7ème Tour de Coupe de France), nous jouions tous les deux. Nous y voyions à peine. Il y avait plein de boue. Il s’était énervé après l’arbitre. Sa carrière en France s’est arrêtée là.

A l’issue de cette saison, tu décroches avec le professionnalisme et le Stade Rennais FC.

En plus des déplacements en car, je devais m’occuper du Centre de Formation et de l’Equipe de Division 3. Il fallait tout faire, tout lancer. Si, encore, je n’avais eu que ça à faire, ça m’aurait intéressé. Mais j’étais aussi Professeur d’EPS : j’avais des horaires, des enfants. Je dois avouer que j’avais aussi une motivation moindre même si c’était sympa d’essayer de sauver le club. A la fin de la saison 1978/1979, j’ai donc complètement arrêté le professionnalisme. J’ai signé aux Cheminots Rennais en Promotion. C’était un contrat encore plus dur pour eux. Je jouais "gratos" mais je ne jouais que le dimanche. Je ne m’entraînais pas car j’en faisais assez la semaine avec mes élèves. Si je n’avais pas envie de jouer le dimanche, je devais les prévenir au moins le vendredi. Par la suite, j’ai été entraîneur de plusieurs clubs. Moi ce qui m’intéressait dans le foot, ce n’était pas animer pour animer. Ce qui m’intéressait, c’étaient les acquisitions motrices, le collectif. Les gens sont loin de se douter du nombre de travaux qu’il y a eu sur le sujet. Le Football s’est beaucoup inspiré des travaux qui ont été réalisés dans le sport, l’éducation physique et sportive, la psy-socio-motricité.

"Je m’étais bombardé "Coordinateur" mais je ne coordonnais rien du tout…"

Tu reviens au club lors de la saison 1990/1991. Quel était ton rôle dans le staff de Raymond Kéruzoré ?

J’étais plus avec René Ruello qu’avec Raymond Kéruzoré. Avec d’autres anciens joueurs, nous avions pris l’initiative de créer l’association des anciens joueurs du Stade Rennais. Aujourd’hui, le Stade Rennais History Club a pris notre suite.

Été 1989 : match amical des anciens joueurs du Stade Rennais. Debouts : Raymond Kéruzoré, Alain Cosnard, Dominique Blin, Germain Le Nair, Serge Masson, René Ruello, Pierre Garcia, Jean-Yves Le Nair, Philippe Le Duc. Accroupis : Jean-Marc Mézenge, Alain Lucas, Alain Quinton, Loïk Kerbiriou, Patrick Rampillon, Loulou Floch, Jean-Lou Rohou.

A cette époque, nous sommes tous allés à New-York. L’objectif était de mettre René Ruello à la tête du club avec toute une série de gens bien intentionnés, pas là pour gagner du fric. Moi aussi, cela m’avait intéressé afin de mettre ma pierre à l’édifice, donner mes conseils pour l’entraînement, le structurer. René Ruello est donc devenu Président et Raymond Kéruzoré était entraîneur. J’ai été intégré au staff, pensant que j’étais là pour faire de la formation. A chaque fois que je voyais René Ruello pour parler de formation, nous n’en parlions pas. Il était toujours pressé.

Comme nous nous téléphonions souvent, il me disait : "Raymond déconne…". René Ruello voulait avoir la main mise et diriger l’équipe. Raymond lui répondait que c’était lui l’entraîneur et que ce n’était surtout pas lui qui allait lui apprendre quelque chose dans le foot. Ça commençait à être tendu et moi je servais de pion entre les deux. Mais concrètement, je ne servais à rien. L’adjoint de Raymond Kéruzoré était Jean-Marc Mézenge. J’accompagnais juste Raymond et l’équipe. Moi, comme je n’étais rien, je m’étais bombardé "Coordinateur". Tout le monde se foutait de moi et de mon titre. Mais je ne coordonnais rien du tout… Je me rappelle que même les joueurs ne comprenaient pas ce que je faisais là. Thierry Goudet m’avait demandé ce que je foutais là, si j’étais un espion. Je répondais que je n’en savais rien.

Saison 1990/1991 : Loïk Kerbiriou sur le banc de touche assis entre le Pr Rochcongar et Jean-Marc Mézenge avec Raymond Kéruzoré à leur côté.

J’avais un contrat employé et je venais pour aider à la formation. Un jour, René Ruello est arrivé en "pleurant", en disant que Raymond, lui et moi étions amis de 30 ans. Peu de temps après, le journal "Ouest-France" titrait : "Ruello se sépare de Kéru". J’ai appris par la suite que j’étais là pour éponger Raymond, pour rester près de lui, pour lui faire comprendre qu’il devait mettre de l’eau dans son vin. Mais je n’ai pas joué ce jeu-là car je n’en voyais pas l’intérêt. A la fin de la saison, René Ruello a viré Raymond Kéruzoré de son poste d’entraîneur, et du coup moi aussi. Ça marque la fin de mon histoire avec le Stade Rennais.

As-tu des équipes contre qui tu préférais jouer ?

En amateur, j’ai souvent remarqué que les équipes du bord de mer étaient plus faciles à jouer que celles de l’intérieur des terres qui étaient plus truqueuses. C’est une analyse très personnelle. Les équipes du bord de mer étaient plus franches de collier. En professionnel, il y avait des matchs privilégiés. Il y avait le FC Nantes, le Paris SG qui commençait à jouer, l’AS Saint-Etienne, l’Olympique Lyonnais.

20 janvier 1974 : Stade Rennais FC – Olympique Lyonnais (1-0). Debouts : Daniel Bernard, Alain Cosnard, Alain Philippe, Daniel Periault, Loïk Kerbiriou, Alain Rizzo. Accroupis : André Betta, Fantamady Keita, Hervé Guermeur, Laurent Pokou, Pierre Dell’Oste. (Photo DR).

Quand tu recevais Marseille à Rennes, c’étaient des matchs sympas à jouer avec beaucoup de monde en tribune. Et en plus, quand nous gagnions, c’était top. C’était aussi top de jouer contre des équipes dont tu connaissais les joueurs. C’était un peu comme si c’était toi le spectateur sauf que tu étais sur le terrain à jouer contre eux. Par exemple, nous avons battu l’AS Saint-Etienne en 1974 (NDLR : 16 mars 1974 : Stade Rennais FC – AS Saint-Etienne (1-0)) qui a fini en finale de la Coupe des Clubs Champions deux ans après. Après quand nous jouions contre Nîmes à Nîmes, tu y vas quoi, mais bon, tu fais ton match mais ce n’est pas la même chose.

Durant ta carrière de joueur, quels joueurs t’ont semblé supérieurs ? Un gardien ?

J’ai joué avec Marcel Aubour, Jean-Paul Escale, Daniel Bernard et Pierrick Hiard 6. Quand je n’étais pas encore intégré à l’équipe professionnelle, j’ai joué quelques fois en réserve avec Marcel Aubour car c’était Daniel Bernard qui jouait en professionnel. Nous avons fait quelques déplacements ensemble. Lui, c’était un footballeur mais c’est surtout un être humain, détaché des choses qui avait une forme d’humour et de liberté. Je l’ai beaucoup apprécié. Je me rappelle qu’en match, il demandait de marquer le "petit". En réserve, nous ne connaissions pas les noms des joueurs. Sauf que l’attaquant en question n’était pas petit et se retrouvait tout d’un coup ridicule, était à moitié vexé. Ça lui sapait le moral. Tout était comme ça avec lui, il avait beaucoup de gouaille. Daniel Bernard était un bon gardien, sérieux, moi je lui disais qu’il rigolait seulement quand il se brûlait.

Un défenseur ?

J’ai beaucoup appris avec Louis Cardiet 7 mais aussi Zygmunt Chlosta. Ils m’ont donné plein de conseils. J’ai appris tactiquement avec eux. Tu sentais qu’ils étaient bienveillants.

Un milieu ?

Je vais citer Raymond Kéruzoré évidemment car je le connaissais bien, avec Yves le Floch aussi. Il y avait une cohésion entre eux deux. Quand l’équipe tournait bien, il y avait une symbiose. Dans le jeu, c’était le projet qui comptait.

Un attaquant ?

Laurent Pokou, bien sûr, même si je ne l’ai jamais trouvé fort. C’était un trancheur. Mais à l’entraînement, il était nul. On ne le voyait pas. Mais en match, il marquait plein de buts. Il y a eu des matchs où aussi il était inexistant. Nous nous demandions où il était. J’étais content quand il marquait un but. Je dis cela peut-être parce que je ne suis jamais admiratif. Quand les gamins me demandaient de leur signer des autographes, je leur disais que j’étais quelqu’un comme eux. J’ai toujours été contre le clinquant. Du temps de la présidence de Bernard Lemoux, j’étais capitaine. Si nous avions gagné la Coupe, je ne sais même pas si je l’aurais levée. Je suis à contre-courant de tout ce côté bling-bling, ce clinquant. Par contre, marquer un but et fêter ça avec ses copains, ça oui aucun problème.

Laurent Pokou quitte le terrain devant son capitaine Loïk Kerbiriou à l’issue de la victoire contre l’Olympique de Marseille (3-1) le 24 février 1974 (Photo DR).

Et parmi les joueurs adverses ?

Raymond Domenech. Quand il jouait arrière droit, nous jouions sans ailier gauche car nous savions qu’il allait se faire casser. La consigne était que s’il y avait un ballon entre deux, il ne fallait pas le jouer.

Suis-tu encore particulièrement les résultats du Stade Rennais aujourd'hui ?

Je regarde les résultats de temps en temps, mais franchement je ne sais plus qui joue. Je suis désormais complètement détaché car ce qui m’intéresse le plus dans le football, ce sont plutôt les causes que les effets. Quelles sont les intentions de chacun ? Pourquoi ils font ça ? Car il y a toujours une bonne raison.

Que dirais-tu en conclusion ?

J’ai traversé la vie comme ça, ma carrière comme ça. La source de ma motivation et de ma carrière a été la perte de ma mère. J’en suis encore touché aujourd’hui. Même le professorat, je l’ai fait en me disant que si je l’avais tant mieux, mais que si je ne l’avais pas, tant pis. Aujourd’hui encore, je suis comme ça : quand je casse quelque chose, je me dis que ce n’est pas grave. J’aime bien la rigueur mais j’ai aussi de la liberté. Il y avait une liberté chez nous. Comme disait Victor Hugo : "La mer est un espace de liberté et de rigueur". Pour nous, le football c’était ça aussi. Nous pouvions nous permettre de déconner mais ça ne nous empêchait pas d’être rigoureux. J’aime beaucoup ce que dit Cyrano : "Je vais sur moi sans rien qui ne reluise, en panaché d’indépendance et de franchise". Le foot et ma vie ont été comme ça.

Loïk Kerbiriou, chez lui, à Porspoder.


1 Entrevue ROUGE Mémoire de Mahi KHENNANE
2 Entrevue ROUGE Mémoire de Louis FLOCH
3 GMR : Groupement des Moyens Régionaux (32, avenue Janvier à Rennes)
4 Entrevue ROUGE Mémoire de René CÉDOLIN
5 Entrevue ROUGE Mémoire de Alfred HOUGET
6 Entrevue ROUGE Mémoire de Pierrick HIARD
7 Entrevue ROUGE Mémoire de Louis CARDIET


Entrevue réalisée par Mattcharp